Les BRICS face à la Syrie, une histoire de retenue

Samuel Chalom
12 Septembre 2013



Ces derniers jours, médias français et étrangers ont scruté dans les moindres détails les décisions franco-américaines vis-à-vis de ce qu'il est convenu d'appeler la « question » syrienne. Alors que le G20 s'est achevé dans un climat de quasi Guerre Froide, on ne s'est pour le moment que peu intéressé à la position des BRICS, qui pourtant pèsent sur la scène internationale. Tour d'horizon.


Crédit Photo -- http://blog.planalto.gov.br
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Si le duo France/États-Unis est certainement le marqueur de l'avenir prochain de la Syrie, les pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont aussi leur mot à dire. Parmi eux, la Russie et la Chine sont les seules à disposer du droit de veto au Conseil de Sécurité des Nations Unies, ce qui les place hors-catégorie.

L'ambiguïté de Moscou

Vladimir Poutine adopte une position pour le moins ambivalente: il se dit ouvert à une intervention occidentale après vote de l'ONU dans le cas où les accusations d'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien seraient vérifiées. Dans le même temps, il s'oppose à un vote du Congrès américain qui irait dans ce sens. « Tout ce qui est hors du Conseil de sécurité est une agression, excepté l'autodéfense. Ce que le Congrès et le Sénat américain font maintenant revient par essence à légitimer une agression. C'est par principe inadmissible », a-t-il ainsi affirmé mercredi dernier. Ces propos démontrent que la Russie cherche à tout prix à préserver son allié syrien, tout en montrant des signes de rapprochement avec les pays occidentaux.

La diplomatie pragmatique de la Chine

« La Chine pense qu’une solution politique est la seule voie réaliste pour sortir du problème syrien », n'ont cessé de prêcher les diplomates chinois pendant le G20. Accrochée à son allié russe, la Chine réagit face à la situation syrienne avec un mélange de suivisme de la position de Moscou et de crainte d'une situation géopolitique qui dégénérerait en cas d'intervention. Preuve que la Chine ne veut pas d'un conflit international en Syrie. Dès la fin de l'année 2012, c'est elle qui avait proposé son propre plan de paix pour le pays des Assad. Pour la puissance asiatique, rien ne serait pire qu'une intervention occidentale sans l'aval de l'ONU. « Nous sommes vivement préoccupés par l’éventualité que des pays puissent entreprendre des actions militaires unilatérales », affirme un diplomate chinois.

Une réforme de l'ONU pour le Brésil

Fin août, un communiqué du ministère brésilien des Affaires étrangères indiquait, tout en retenue, que Dilma Rousseff appelait la communauté internationale à un effort commun pour mettre un terme aux violences en Syrie. Depuis, la position du Brésil s'est durcie. « Le pays ne soutiendra pas une intervention militaire sans l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU (…). Ce serait une violation du droit international et de la charte de l'ONU », a affirmé Luiz Alberto Figueiredo, ministre des Affaires Etrangères brésilien, le 28 août dernier. Sur cette lancée, démontrant le blocage répété des Nations Unies face à la question syrienne, le ministre brésilien en a profité pour appeler de ses voeux une réforme prochaine du Conseil de Sécurité.

Pas d'action militaire pour l'Inde

L'Inde va plus loin : pour elle, le conflit ne se résoudra pas avec une intervention militaire. Le gouvernement indien défend un plan « inclusif », c'est-à-dire qu'il espère voir les rebelles et le régime syrien se mettre à la table des négociations. Déjà en 2011, lors de l'épisode libyen, l'Inde s'était abstenue de voter à l'ONU. Malgré les preuves d'une attaque chimique perpétrée par le régime syrien, le gouvernement indien dit attendre les conclusions de l'enquête onusienne.

Le pays défend avec constance un même principe: pas d'ingérence, pas d'entrave à la souveraineté d'un État. D'où une mésentente de principe avec ses homologues américains. Déjà, en 2011, l'Inde s'abstenait lors du vote d'une première résolution concernant la Syrie. « La résolution ne prend pas en compte les revendications de l’Inde qui souhaite que la condamnation concerne aussi les violences perpétrées par les forces de l’opposition », affirmaient alors les diplomates indiens.

« Violation du droit international » dit l'Afrique du Sud

« L’Afrique du Sud n'est pas qualifiée pour déterminer le type de punitions qui doivent être infligées à des pays qui utilisent des armes chimiques contre leur population », par ces mots, le président sud-africain Jacob Zuma confirme une position de retrait de la puissance africaine. Pour Pretoria, rien ne peut justifier une intervention militaire en Syrie. « Nous condamnons l'usage d'une rhétorique ouvrant la voie à une action militaire », continue le dirigeant sud-africain.

Tout comme pour l'Inde, la position de l'Afrique du Sud lors de l'épisode libyen en 2011 est riche d'enseignement: même si Pretoria avait voté la résolution de l'ONU, elle avait alors eu l'impression que les Occidentaux avaient outrepassé leur volonté de départ en mettant sur pied un changement de régime. Aujourd'hui, la gouvernance sud-africaine adopte une position malaisée, prônant une solution politique à la guerre civile actuelle tout en n'envisageant pas directement un changement de régime.
Crédit photo -- D.R.
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1.Posté par Jeff BERNARD le 12/09/2013 14:08
Il y a une erreur dans le paragraphe en dessous de la photo. La Russie n'est pas le seul membre des BRICS a posséder un droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU puisque la Chine est, elle aussi, membre permanent du Conseil.
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_de_s%C3%A9curit%C3%A9_des_Nations_unies


Mis à part cette erreur, je ne suis pas vraiment d'accord avec cette vision tripartite du monde : les Occidentaux pour une intervention, les BRICS opposés à cette intervention car amitié russo-syrienne et le reste du monde, silence zéro. Peut-être serait-il judicieux d'aller s'informer dans d'autres pays comme Israël, l'Egypte, l'Iran, même le Chili tiens (Allende?). Serait-il aussi intéressant de parler du Qatar et du projet d'oléoduc.La Syrie n'est pas Risk, il y a des hommes, des femmes, des enfants, des cultures, des religions, des nations, des états, du fric, des riches, des pauvres... le monde quoi.

Source : http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/Les-dossiers-de-la-redaction/syrie-2013/p-26220-lg0-Syrie-le-gaz-du-Qatar-influence-t-il-le-conflit-.html

2.Posté par Samuel Chalom le 12/09/2013 14:43
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Ceci va être rectifié, merci d'avoir relevé l'erreur!

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