Mais qui était Wissam al-Hassan?

Marilene Karam, correspondante à Beyrouth, Liban
29 Octobre 2012



Son nom est apparu dans tous les journaux, à la suite de l'attentat du 19 octobre à Beyrouth. Personnage-clé de l'opposition au gouvernement, homme mystérieux, Wissam al-Hassan est mort en emportant avec lui une part des secrets et complots politiques.


Des discours virulents des alliés de Hariri poussent pas moins de 200 jeunes manifestants à se ruer sur le sérail, siège du gouvernement. (The Daily Star, Mahmoud Kheir)
Des discours virulents des alliés de Hariri poussent pas moins de 200 jeunes manifestants à se ruer sur le sérail, siège du gouvernement. (The Daily Star, Mahmoud Kheir)
Vendredi 19 octobre, 15h. Une bombe éclate dans le quartier central de Beyrouth, Achrafiyyeh. Huit morts, dont Wissam al-Hassan. Assez peu connu du grand public, il est très vite décrit comme un proche de Saad al-Hariri, le chef de l'opposition et fervent opposant au régime syrien.

Immédiatement, la Syrie est tenue responsable, et le gouvernement en place (alliance du Hezbollah et Courant patriotique libre, mouvement chrétien) est critiqué pour sa supposée collaboration avec les Syriens. Hariri appelle, depuis l'Arabie Saoudite où il réside, à une grande manifestation pour faire chuter le gouvernement. Dans un contexte déjà tendu, la situation s'enflamme très vite le dimanche des obsèques, entre ferveur des Libanais choqués par l'attentat et attaque du sérail en fin d'après-midi par des jeunes chauffés à blanc.

L'armée prend peu à peu le contrôle à Beyrouth. Sur la photo, une patrouille sur la corniche Mazraa (source  AFP)
L'armée prend peu à peu le contrôle à Beyrouth. Sur la photo, une patrouille sur la corniche Mazraa (source AFP)
Chef du bureau de l'information des Forces de Sécurité Intérieure, Wissam al-Hassan avait de nombreux ennemis, notamment les Syriens. Faut-il relier son assassinat à l'arrestation de Michel Samaha, ancien ministre qui collaborait avec le régime syrien? Wissam al-Hassan était très critiqué par le gouvernement en place, accusé de gérer sa police comme un organe indépendant et opaque. Parmi ses alliés, des doutes sur sa fidélité à Saad Hariri ont aussi été émis par les émissaires de l'ONU chargés d'enquêter sur la mort de Hariri père en 2005.

Il est encore trop tôt pour dire quel est l'impact de la mort de Wissam al-Hassan pour le pays. La situation sécuritaire est sous le contrôle de l'armée depuis mercredi. Sa mort redistribue certainement les cartes de la politique libanaise, mais comment? Affaire à suivre…


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