Man of Steel : un superman avec style... Ou pas

Grégory Chariot et Jérémy Bichon
19 Juin 2013



Le voilà. Après des années d'absence, le rejeton de Krypton revient pour s'attaquer au général Zod. Le Journal International a envoyé ses deux super-plumes afin de vous décrypter l'oeuvre signée Snyder/Nolan. Critique croisée !


Man of Steel : un superman avec style... Ou pas
Tu emportes avec toi, tous nos rêves et tous nos espoirs », lance Jor-El dès les premières minutes du film. Et de l'espoir, tout le monde en avait avant la sortie de Man of Steel. Après l'échec de Superman Returns en 2006, le reboot de Zack Snyder était attendu au tournant. Et on peut dire que le pari de la Warner Bros est réussi. Man of Steel remplit sa tâche : un spectacle aussi puissant que son héros, avec ses forces et ses faiblesses.

2H20 de ce que devrait être tout grand film de super-héros : de l'action, de l'émotion, des valeurs et une morale. Pourtant, la tâche s’annonçait compliquée. L'histoire, tout le monde la connaît. Originaire de Krypton, Clark Kent alias Kal-El est abandonné sur Terre par ses parents, avant la destruction de sa planète natale. Recueilli par un couple de fermiers, il grandit en se fondant dans la masse, réfrénant ses pouvoirs. Jusqu'au jour où tout bascule avec l'arrivée du général Zod qui veut détruire la Terre et recréer Krypton. S'engage alors un dilemme pour Superman : sauver l'espèce humaine ou aider sa civilisation perdue.

On pouvait craindre l'association Zack Snyder – Christopher Nolan mais ils se sont emparés ensemble, de la meilleure façon, de l'histoire de Clark Kent. Les deux réalisateurs font de ce Superman un symbole, un guide pour les Hommes, en s'attardant longuement sur le personnage principal. Interprété par Henry Cavill, le jeune acteur anglais porte avec brio le costume du super-héros. Mais la véritable force de ce film est sa narration. Ici, pas de récit linéaire et chronologique. Nolan et Snyder font le choix de raconter cette épopée à leur manière en utilisant plusieurs flashbacks pour couper les nombreuses scènes d'action. Un choix payant qui donne à l'atmosphère un aspect plus sombre, plus travaillé et surtout plus rythmé. Une vraie maturité en ressort, malgré une intrigue parfois bancale. 


Nolan imprime sa patte

Dès les premières minutes, on sent bien la marque de Christopher Nolan, bien qu'il ne soit pas derrière la caméra. Le récit s'attarde longuement sur la psychologie et les questionnements de Clark Kent. Sur son parcours qui va l'amener à comprendre et accepter qui il est réellement et quel choix il doit faire. Et pour cela, le film s’appuie sur les deux figures tutélaires du héros : ses deux pères. Russel Crowe (Jor-El) et Kévin Costner (Jonathan Kent) sont tout bonnement excellents dans leurs rôles respectifs. Une belle revanche pour ce dernier, honteusement boudé par Hollywood depuis de trop nombreuses années.

Au fil des minutes, les clichés, que l'on pouvait attendre, sont balayés et l'histoire du personnage approfondie avec les scènes de son enfance. Pleines d'émotion, de nostalgie et de réflexions. La réalisation de Zack Snyder y est pour beaucoup. Le cinéaste s’appuie sur des jeux de lumière et d'ombre qui accentuent la noirceur de l'intrigue. À noter que contrairement à ses anciens films l'aspect visuel est plus soft et moins coloré.

Dans tout cela, l'action n'est pas en reste, loin de là. Mais cette fois, pas de ralentis chers au réalisateur de 300 et de Watchmen. Zach Snyder prend un malin plaisir à tout détruire, grâce à de très bons effets spéciaux. Quant aux affrontements, ils sont vraiment envoûtants, grâce à des chorégraphies sublimes. À aucun instant, on ne perd le fil. Certainement, les meilleures scènes de combat de ces dernières années.

Des seconds rôles sous-exploités

Mais qui dit forces, dit aussi faiblesses, et le film en a. Le plus gros défaut est le peu de place accordée aux personnages secondaires. En particulier les rôles féminins qui ne sont pas inoubliables à l'image de Lois Lane (Amy Adams) : présente mais loin d'être transcendante. On sait peu de choses sur elle et la psychologie de la jeune journaliste est laissée de côté. Même constat pour la mère de Clark. Ce qui est assez regrettable mais qui peut être compréhensible. On voit bien que ce premier volet porte sur l’avènement de Superman. Le deuxième film, déjà officialisé, devrait nous amener à connaître davantage les seconds rôles. Mention spéciale tout de même à Michael Shannon, une nouvelle fois parfait, en méchant plein de charisme et de détermination. Après des belles prestations dans Take Shelter et Man of Steel, l'acteur devrait connaître une plus grande visibilité après ce rôle. Et c'est mérité.

Autre point noir : la musique. Omniprésente et répétitive. Le grand Hans Zimmer n'arrive pas à nous emmener autant que le premier générique de John Williams. La faute a une mauvaise utilisation qui tue l'émotion à plusieurs reprises. Dommage car la composition est belle.

Au final, Man of Steel n'est pas le film révolutionnaire annoncé mais s'inscrit en toute logique comme le meilleur long-métrage de super-héros depuis The Dark Knight. La faute certainement a un scénario qui aurait pu être un peu plus poussé. Une chose est sûre, c'est que Superman a enfin un film à sa hauteur et la suite ne peut qu'augurer de bonnes choses.

Grégory Chariot

Man of Steel : un superman avec style... Ou pas

Snyder, le maitre de la destruction

Zack Snyder s’est vu attribuer la lourde tâche de réaliser l’adaptation des célèbres comics Superman, après l’échec cuisant de Bryan Singer et de son adaptation en 2006. Le scénariste David S’Goyer avec le soutien de Snyder va décider de ne pas raconter de manière chronologique l’intrigue du film. Malheureusement, cela casse le rythme et rend le film très brouillon et limite incompréhensible. Durant ces retours en arrière, le réalisateur ne montrera que le strict minimum à la compréhension de la scène. Ce premier volet ne s’attarde pas sur la psychologie profonde du personnage. Ils font l’impasse sur une grande partie de l’enfance et l’adolescence du super héros qui découvre ses pouvoirs. Ainsi le film laisse certaines zones d’ombres qui seront sans doute plus approfondies dans les prochaines aventures.

Cependant la touche Nolan rend Man of Steel très sombre, à la limite du film dramatique. Le mélange entre l’univers de Snyder et Nolan ressemble plus à un Space Opéra qu’à un film de super héros comme le fait si bien Marvel. Toute la différence entre Marvel et Comics se ressent à travers ce film; le personnage devient plus intéressant que ses pouvoirs à l'inverse de chez Marvel.

Il est à noter que Zack Snyder n’est pas tombé dans l’écueil du ralenti qu’il aime tant utiliser. Cependant, l’ensemble du film reste très fouillis malgré certaines scènes de combat spectaculaires qu’il maitrise à la perfection. Malheureusement, le film se résume à une succession de combats entre le bien et le mal, interminable, durant pratiquement plus de la moitié du film. Man of Steel doit détenir le record du nombre d’explosion à la minute, tout y passe, sans exception, à en devenir un vrai cafouillis incohérent. L’image en devient sale, sale puisqu'on assiste à un déluge d'actions qui ne nous permet pas de bien distinguer chaque personnage.

Sans trop de surprise, Zack Snyder est tombé dans le piège de la 3D. De plus, il n'aurait pas dû présenter tant de bandes-annonces, qui révèlent entièrement les meilleures scènes du film.

Une distribution en demi-teinte

Contre toute attente, ce n’est pas un acteur américain qui endosse le rôle du super héros, mais le Britannique Henry Cavill, rendu célèbre par la série Les Tudors. Que dire de ce malheureux Superman incarné par un acteur peu charismatique, fade et lisse. De même pour Amy Adams qui doit encore faire ses preuves dans son rôle de Lois Lane. Un personnage qui n’est pas fait pour elle, n'étant pas crédible en journaliste de terrain . Il faut noter que les seconds rôles sont remarquables. Kevin Costner joue avec justesse le père adoptif de Clark. De même pour la mère adoptive, Diane Lane joue avec émotion et sans retenue. Russell Crowe toujours excellent dans un costume qui lui va à ravir. Enfin, le méchant Zod, incarné par un extravagant voire caricatural Michael Shannon, joue avec brio.

L’honneur est sauf, Man of Steel a le privilège de compter sur les services du talentueux Hans Zimmer. Sa musique donne le caractère du film. Sans elle, le film aurait été fade et platonique.. La musique devient un personnage complémentaire à chaque action.
Petit bémol pour les scènes d’action à la sonorité très métallique. Le film dans sa globalité reste assez carré, très gris, utilisant de nombreux sons de métal. L’intérieur des vaisseaux est très cloisonné et étouffant.
Bien entendu, une certaine déception anime le spectateur, car Zack Snyder n’a pas voulu reprendre la célèbre musique de Superman « Marche de Superman » composée par John Williams afin de se démarquer de toutes les adaptations existantes du super héros.

Les amoureux de science-fiction, de combat interminable seront très bien servis par Man of steel. Une suite n’est pas indispensable, la fin du film n’incluant aucun élément accrocheur donnant envie de voir le prochain prévu pour 2014. Zack Snyder et Christopher Nolan signent malgré tout l’un des meilleurs Superman.

Ps: il n'a plus de slip rouge

Jérémy Bichon

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