Ouganda : « Kill the Gays bill »

19 Mai 2014



La nouvelle loi adoptée le 24 février 2014 par le président ougandais Yoweri Museveni a suscité de vives réactions dans le monde. Le texte prévoit de dures sanctions contre quiconque aurait des relations homosexuelles.


crédit cwelcometokampaya
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L’Ouganda, pays qui ne fait pas beaucoup de bruit dans l’actualité internationale a réussi à faire les gros titres cette année avec la promulgation d’une loi répressive envers la communauté LGBT. La population du pays était déjà particulièrement opposée aux homosexuels : on recensait des cas de violences homophobes avec des menaces de mort, des viols correctionnels et des actes de vandalisme. Désormais, avec la création de ce projet de loi liberticide, on peut considérer que le gouvernement ougandais cautionne ces actes ou du moins les comprend. Ceux-ci ont d’ailleurs augmenté depuis l’entrée en vigueur de cette loi. Pour un pays qui a gagné son indépendance en 1962, ce texte rappelle le colonialisme britannique et constitue un véritable retour en arrière en terme de droits de l’Homme.

La prison à perpétuité remplace la peine de mort

La loi entrée en gestation en 2009 avait été surnommée « Kill the Gays Bill » - la loi pour tuer les homosexuels. Ce premier projet prévoyait la peine capitale comme châtiment pour les ougandais ayant des relations homosexuelles. Suite aux réactions mondiales, le 20 décembre 2013, le projet de loi a été modifié et la peine de mort comme sentence a été supprimée. Jugée alors trop « molle » par les parlementaires ougandais, elle a été durcie puis signée le 24 février 2014. Elle stipule : « quiconque commet une indécence avec une autre personne de même sexe en public ou en privé commet une offense qui est passible de prison ». A chaque offense sa punition.

La perpétuité est appliquée en cas de relation homosexuelle, d’attouchements homosexuels ou d’union avec une personne de même sexe. Cela s’applique aussi aux Ougandais qui ont des actes homosexuels en dehors du pays, ils seront rapatriés et subiront la même peine. Pour la célébration d’une union homosexuelle, une aide apportée ou le soutien de dirigeants d’entreprises ou d’ONG à des causes LGBT, une amende ou une peine de prison de sept ans est requise. 
crédit Twitter
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Des réactions internationales hostiles

La promulgation de cette nouvelle loi est non seulement néfaste à l’image de l’Ouganda dans le monde mais elle pourrait aussi s’avérer dangereuse pour le pays. En effet, L’Ouganda dépend financièrement d’autres acteurs. Le gouvernement reçoit des aides économiques de la communauté internationale. Certains pays européens donateurs comme les Pays-Bas, la Norvège et le Danemark ont décidé de mettre fin à leurs donations. Les Etats Unis risquent également de le faire. Ils sont actuellement en train d’examiner leur Constitution pour voir si celle-ci interdit l’aide financière aux pays ne respectant pas les droits de l’Homme. 

En terme d’image, John Kerry, secrétaire d’Etat des Etats-Unis, s’est fortement opposé à la nouvelle politique en faisant un rapprochement entre l’homophobie en Afrique et l’Apartheid sud-africain ou l’eugénisme pratiqué par les nazis. Le tabloïd ougandais « Red Pepper » a perdu la publicité que lui offrait l’entreprise de télécommunications française Orange avec sa récente publication d’une liste de deux cents homosexuels ougandais influents. L’Ouganda perd ainsi le soutien des démocraties et des firmes occidentales. L’opinion publique occidentale a fait savoir son mécontentement à travers le mouvement mondial « All Out » pour l’amour et l’égalité qui propose de signer une pétition en ligne. L’objectif est d’inciter les chefs d’Etats, les grandes entreprises et les institutions religieuses à faire jouer de leur influence pour finalement supprimer cette loi. Elle compte aujourd’hui 317 572 signatures.

L’Ouganda se rapproche ainsi dangereusement des sept pays appliquant la peine de mort pour les homosexuels, à savoir l’Iran, l’Afghanistan, le Yémen, le Nigéria, l’Arabie Saoudite, la Mauritanie et le Soudan. L’homosexualité est toujours un crime dans soixante dix-sept pays. 
crédit DR
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Claire Tholozan
Etudiante en deuxième année de journalisme à l'ISCPA Lyon, je suis passionnée par la culture et les... En savoir plus sur cet auteur