Pacific Rim, une lutte, deux visions

Jérémy Bichon et Julien Lopez
17 Juillet 2013



Le très attendu Pacific Rim du Mexicain Guillermo Del Toro débarque dans nos salles. Au casting, on retrouve le bad boy de Sons of Anarchy Charlie Hunnam et Idriss Elba, héros de Luther.


Pacific Rim, une lutte, deux visions
L'histoire de ce blockbuster en puissance est assez simple. Une fissure entre deux plaques tectoniques dans l'Océan Pacifique laisse s'échapper une horde de créatures venues d'un autre monde : les « Kaijus » (monstres géants en japonais, ndlr). Pour les combattre, les armes habituelles sont malheureusement inutiles. L'humanité s'est donc réunie et a créé une arme d'un nouveau genre : les « Jaegers ». Ces armes nouvelles générations sont des robots géants contrôlés par deux pilotes grâce une sorte de télépathie. Mais les attaques de Kaijus se font de plus en plus intenses et l’apocalypse semble proche...

Pacific Rim, une lutte, deux visions
Guillermo Del Toro réalise pour le plaisir des yeux un blockbuster efficace, avec une réelle volonté de donner un plus à cette superproduction estivale. Pur concentré de testostérone, c'est également l'hommage d'un fan à cet univers très spécial dont seule la culture japonaise a le secret. Un film qui ne manquera pas de séduire les fans de Godzilla et des « monstres en tout genre ».

Avertissement : les amateurs des films de robots tels que Transformers - ou plus récemment Battleship - sont susceptibles de prendre une vraie leçon de cinéma, et une claque quant à la maîtrise des effets spéciaux. Pas surprenant quand on sait que Guillermo Del Toro a commencé sa carrière - non pas en tant que réalisateur - en travaillant pour une société d'effets spéciaux. C'est de ce parcours qu'est né sa légitimité en tant que maître des superproductions qu'on lui accorde, où la mise en scène et les effets spéciaux sont au cœur du film, le scénario dans le meilleur des cas au second plan.

Dès les premières secondes, le spectateur est amené brutalement dans le vif du sujet. Une voix off raconte pourquoi et comment ces créatures sont apparues sur la Terre. Cette séquence permet d'accompagner le spectateur dans ce « Nouveau Monde », elle permet également de donner plus de réalisme à l'histoire. C'est le moment choisi pour faire une « présentation » des héros ainsi que des créatures. De nombreuses séquences vont se voir attribuer une voix off. Permettant ainsi de donner plus d'ampleur à l'action, une vague de « spiritisme militaire » : les « soldats » ont une lourde mission à accomplir, le devoir primaire prédomine sur toutes autres considérations.

Del Toro, le maître des effets spéciaux

Le scénario est réduit à son minimum, fidèle à la grande majorité des films de science-fiction, où seuls les effets visuels et sonores ont une réelle importance. L'histoire est plus que banale, « des gentils vont devoir sauver le monde de gigantesque monstre », l'homme bon face au mal incarné. Le scénario passe à la trappe, Guillermo Del Toro réalisant son projet, avec la seule volonté de montrer que c'est lui le maître des effets spéciaux.

Le rythme du film souffre d’irrégularité. Bien qu'il commence très fort avec une scène de combat maîtrisé avec brio, reste que le souffle des « effets » retombe très vite. L'action stagne à en devenir presque monotone, seul l'attente du prochain combat - et quelques scènes comiques bien senties - viennent bousculer ce rythme.

Des choix en demi-teinte

Del Toro a fait le choix judicieux - mais en partie manqué - de ne pas choisir de réelle tête d'affiche, en faisant jouer des acteurs en devenir. Néanmoins, la production souffre dans son entreprise d'identification du ou des personnages principaux. La distribution de jeune pousse était un défi, malheureusement aucun de ces jeunes talents ne convint vraiment. Charlie Hunnam, découvert dans la série Sons of Anarchy et ayant déjà joué pour Del Toro dans le passé, peine à être le « héros charismatique » de cette « drôle de guerre des Mondes », entre robot/humain et monstre/sous-marin. Sans éclat, on peut aussi découvrir l'actrice japonaise Rinko Kikuchi qui partage le contrôle du robot avec Charlie. On aime à redécouvrir Idris Elba – inoubliable pour ses prestations dans deux des plus grandes séries cultes que sont The Wire et Luther – bientôt dans la peau du plus célèbre des hommes de justice, dans le très attendu Mandela: Long Walk to Freedom de Justin Chadwick. On admire aussi le retour de Ron Perlman rendu célèbre par Del Toro dans son personnage de Hellboy, et également aperçu dans la série Sons of Anarchy. La construction des personnages reste complexe et représente sans aucun doute la plus grande faiblesse du film. Rien - ou très peu – n'est donné au spectateur ; à la sortie de la salle noire, on ne connaît presque rien des protagonistes, ni de leur passé, seule la primauté de leur instinct au cœur de l'action compte.

Point fort de cette superproduction : la bande sonore. Guillermo Del Toro a choisi de faire le bonheur de nos oreilles, et cela s'entend. Le réalisateur s'offre les services du très talentueux Ramin Djawadi, à qui l'on doit les bandes originales de Batman Begins, de Iron Man ou encore de Game Of Trones. La BO joue un rôle primordial dans le film, car elle va rythmer l'action et donner cette sensation de grandeur et de pure puissance métallique aux robots.

Allez découvrir Pacific Rim, un blockbuster pas comme les autres, c'est prendre une bonne dose d’adrénaline, par un réalisateur maître de son sujet : la puissance de l'action et l'esthétisme des effets spéciaux.

Pacific Rim, une lutte, deux visions
Le film démarre sur les chapeaux de roue. Il faut moins de cinq minutes avant de voir le premier combat entre Kaiju et Jaeger. Guillermo Del Toro réussit à donner un rythme haletant à son film tout en présentant une multitude de personnages et en s'intéressant à leurs psychologies. Le tout s’enchaînant très bien. Au départ, le réalisateur n’était pas un fervent défenseur de la 3D, mais après quelques négociations de la part des producteurs, le réalisateur a cédé. Un travail colossal en postproduction, mais un résultat à la hauteur de nos espérances. Les monstres ont une aura incroyable, ainsi que les Jaegers. Grâce à cette technologie, le spectateur est en complète immersion.

Le casting, très marqué série, est aussi une réussite. Charlie Hunnam, personnage principal du film, s’impose assez facilement, comme son collègue de la série Sons of Anarchy, Ron Perlman, interprétant un trafiquant de Kaiju, qui apporte une dose d'humour rafraîchissante. Mention spéciale pour Idris Elba, convaincant en commandant investi ainsi que Rinko Kikuchi, très émouvante.

La patte de Guillermo Del Toro

Dans ce film, le réalisateur mexicain s'attaque à la culture japonaise et à ses montres géants, les Kaijus. Guillermo Del Toro rend un hommage à ce genre cinématographique bien nippon et à son plus célèbre représentant : Godzilla. La filmographie du cinéaste montre un certain attrait pour les créatures fantastiques. De l'Échine du diable à Hellboy, en passant par le cultissime Labyrinthe de Pan, on remarque une quasi-obsession pour ces créatures surnaturelles, mais aussi un travail dantesque pour rendre ces montres le plus crédible possible. Ici, les Kaijus sont très réussis et s'inscrivent dans la tradition japonaise, s’inspirant d'insectes, de requins ou bien de crustacés. En plus des Kaijus, les Jaegers sont inspirés des « Mecha », un genre de manga où des machines géantes s'affrontent. Vous ne voyez pas ? Mais si, rappelez-vous les séries Gundam ou Evengelion.

Del Toro s'inspire, certes, du Pays du soleil levant, mais il impose aussi sa patte. Avec les monstres et les machines, mais aussi avec l'humour, présent par petite touche et offrant un rôle secondaire a Ron Perlman, présent dans pas moins de six films du réalisateur mexicain. Cependant, les producteurs ont investi environ 200 millions de dollars et imposent les codes des blockbusters. On a donc droit à des combats titanesques, un rythme qui ne laisse aucun répit et même le cliché du scientifique fou.

Pacific Rim est un blockbuster qui s'assume, un pur divertissement très bien réalisé oùu la 3D est un vrai bonheur. Il se murmure même que la suite de Pacific Rim est déjà en cours d'écriture.

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