Pedro Almodóvar, le "cinéma en lui"

21 Octobre 2014



Dimanche s’est conclu le Festival Lumière 2014. Pedro Almodóvar était l’invité d’honneur, et la majeure partie de ses films ont été diffusés. À l’occasion, le réalisateur a pu choisir des pellicules à mettre dans le programme : le “cinéma en lui”.


Crédit DR
Crédit DR
Pedro Almodóvar nous explique qu’il y a souvent dans ses films des références au cinéma. En effet, cinéphile depuis sa jeunesse, il dit que ce sont les films qui l’ont éduqué. Ses influences sont donc nombreuses, allant de Luis Buñuel à Alfred Hitchcock. C’est grâce à ses escapades au cinéma lorsqu’il était jeune qu’il a eu la volonté de devenir un réalisateur aussi influent qu’il l’est de nos jours. Il semble donc plus logique qu’Almodóvar ait fait un choix de films pour le Festival qu’il a appelé “El ciné dentro de mí” - “Le cinéma en moi”.

Un simple clin d’oeil à des films qui l’ont marqué

Dans une grande partie de ses films, Pedro Almodóvar a voulu montrer des scènes ou des affiches de ses réalisateurs préférés. Il faut tout d’abord noter que dans tous ses films, le thème du cinéma est présent. Que se soit à travers la conversation des personnages, qui en éprouvent un intérêt, ou tout simplement dans le scénario, pour couvrir d’autres scènes, comme cela a pu être le cas dans En chair et en os lorsque Elena regarde la télé et n’entend pas le coup de feu dû au coup de feu subvenu au même moment dans le film qu’elle regardait, La Vie criminelle d’Archibald de la Cruz. De la même façon, les films sont parfois visibles à travers des scènes qu’Almodóvar incorpore dans son oeuvre de façon naturelle, comme dans Femmes au bord de la crise de la crise de nerfs lorsque Pepa et Iván ont pour profession de doubler des films et qu’ils travaillaient sur Johnny Guitare. 

Sur certains films, il ne faut cependant pas essayer de trouver des significations plus profondes que de simples références. Almodóvar dit clairement que c’est par amour pour ces films qu’il voulait les inclure d’une façon ou d’une autre dans les siens. Il n’y a donc pas d’explication profonde et d’autres similitudes sont souvent des coïncidences. Il y a cependant quelques références qui vont directement influencer les personnages de ses films, comme dans Étreintes brisées, lorsque Lena voit la scène du couple envoûté dans de la lave sèche du film Voyage en Italie et qu’elle se rend compte de l’état de son propre couple. D’autres films auront cependant une influence sur l’histoire et l'on peut y voir des ressemblances.

Des influences visibles

Comme beaucoup de réalisateurs, Pedro Almodóvar a été fortement influencé par l’histoire de certains de ces films et il en joue. Deux exemples sont flagrants, de façon différente. Prenons tout d’abord Matador. Dans l’histoire, María et Diego, deux tueurs, se rencontrent et deviennent irrésistibles l’un pour l’autre, en grande partie en vue de leur passion mutuelle pour le sang et la mort. Ils finissent par s’entretuer lors d’un rapport sexuel. Mais cette mort avait été prévue dans le film Duel au soleil, dans lequel un couple passionné a souffert un sort semblable. Maria et Diego ont assisté à cette scène du film, et jetaient, sans le savoir, un regard sur le futur. Dans Mala Educación cette idée est présente aussi, où, une fois de plus, les personnages principaux sont partis au cinéma et ont vu deux films - Thérèse Raquin et Assurance sur la mort - qui décrivait leur sort. Malgré que ce soit le film de Marcel Carné le plus influent, on ne voit aucune scène explicite du film qui décrit leurs vies et leur futur, parce que des similitudes peuvent être trouvées tout au long des deux films. À tel point que dans le film, un des personnages principaux - M. Berenguer - dit “c’est comme si tous ces films parlaient de nous”. Ce film se distingue donc de l’autre puisque malgré qu’il prévoit leur sort, les personnages se rendaient compte des ressemblances. 

Cependant, dans certains cas, des influences sont inexistantes. C’est le cas pour En chair et en os, dont les ressemblances au long de l’histoire arrivent par pure coïncidence. Mais l’exemple le plus étonnant est de savoir que Les Yeux sans visage ne sont pas l’inspiration d’Almodóvar pour La piel que habito. En effet, le réalisateur nous explique que son inspiration a été le roman de Thierry Jonquet Mygale, et que ce n’est que par la suite qu’il s’est rendu compte des ressemblances avec le film. 

C’est grâce au Festival Lumière que nous avons pu découvrir les différentes facettes de Pedro Almodóvar, ses influences et ses coups de coeur. Une expérience remarquable pour les amateurs de cinéma, qui veulent découvrir de nouveaux films, acteurs, réalisateurs, et tout ce que le cinéma peut offrir.

Notez


Carolina Duarte de Jesus
Arrivée en France il y a quatre ans, j'ai entamé des études de Science-Politique. Les relations... En savoir plus sur cet auteur