Portugal : Lisbonne, la méconnue

James le Calvez
25 Juillet 2015



La capitale du Portugal, la plus à l’ouest de l’Europe, ne manquera pas de surprendre. Qui dit Paris voit la tour Eiffel, qui dit Londres imagine Big Ben, et qui dit New-York voit se dessiner la statue de la liberté dans son esprit. Qui dit Lisbonne…dit une ville pleine de surprises qui se doit s’être promue et découverte. À coup sûr, une expérience inoubliable et une découverte à chaque coin de rue.


Vue d'un miradouro - Crédit : James le Calvez
Vue d'un miradouro - Crédit : James le Calvez
Riche de son passé, Lisbonne, au bord du Tage, s’ouvre sur l’océan Atlantique. Porte de sortie du continent européen, c’est ici que les plus grands navigateurs sont partis, tels Vasco de Gama ou Pedro Alvares Cabral, à partir du XVème siècle, sur les routes maritimes à la conquête de nouveaux continents : l’Afrique, l’Asie et bien sûr, l’Amérique latine. Capitale du premier État-nation d’Europe fondé en 1139, Lisbonne surprend, et par-dessus tout, ne laisse pas indifférent. Des façades colorées, l’odeur de la mer, l’omniprésence quasi palpable de toute l’identité portugaise, voilà en peu de mots ce que l’on peut trouver à Lisbonne dans chacun de ses nombreux quartiers.

​L’âme de la ville

Construite sur sept collines nées du tremblement de terre de 1755, Lisbonne stimule autant qu’elle éreinte. Sur l’une des collines, le Castelo São Jorge surplombe la ville et offre des points de vue spectaculaires sur le Tage, le pont du 25 avril, qui ressemble à s’y méprendre au Golden Gate Bridge de San Francisco, et le Cristo Rei, inspiré du Christ rédempteur de Rio de Janeiro, au Brésil. Ainsi, ne serait-ce qu’à cet endroit, l’impression d’être à la fois à Rio et à San Francisco est saisissante. Sous ce château, les ruelles tortueuses respirent le Fado, ce chant typique portugais qui ne manquera pas de séduire et de toucher : même sans comprendre la langue portugaise, le frisson parcourt l’échine et la magie opère.

La ville basse, inspirée des rues haussmanniennes, diffère complètement. Ici, angles droits, restaurants et bars débouchent sur l’énorme place du Commerce, traversée par une brise marine entêtante et surplombée par une arche riche en détails et allégories. Théâtre de l’assassinat de l’avant dernier roi du Portugal, D. Carlos I et de son fils ainé en 1908, cette place  aujourd’hui le centre-ville.

De l’autre côté de la place, les quartiers se mélangent. Le Chiado, quartier commercial avec ses nombreuses boutiques mais aussi culturel avec ses théâtres et ses cafés littéraires est séparé par quelques rues du Bairro Alto, cœur de la vie nocturne lisboète où bars et restaurants typiques voient affluer les couches-tard.

Dans le nord de la ville, tout proche de l’aéroport, le parc des Expositions contraste et étonne par sa modernité et les superlatifs qui peuvent y être appliqués ne manquent pas : centre commercial démesuré, le pont Vasco de Gama, long de 17 km, étant ainsi le pont le plus grand d’Europe, l’océonarium, qui lui aussi est le plus grand d’Europe… Ce quartier, entièrement reconstruit afin d’accueillir en 1998 l’Exposition Universelle ayant pour thème « Les océans, un patrimoine pour le futur » est un parcours incontournable lors de la découverte de la ville. Il propose une vision moderne d’un passé glorieux.

Pour une dimension plus historique, c’est du côté de Belém, à l’ouest et toujours au bord du Tage qu’il faudra se rendre. Là ; monument des découvertes, monastère des hiéronymites, tour de Belém ou encore centre culturel immense : une liste non exhaustive de tout ce que ce quartier propose.
Océonarium de Lisbonne - Crédit : James le Calvez
Océonarium de Lisbonne - Crédit : James le Calvez

Cristo rei - Crédit : James le Calvez
Cristo rei - Crédit : James le Calvez

Crédit : James le Calvez
Crédit : James le Calvez

Monument des découvertes - Crédit : James le Calvez
Monument des découvertes - Crédit : James le Calvez

​Pour se déplacer…

Nombreux quartiers et nombreux moyens de transport. Les quatre lignes de métro desservent des lieux clé, de l’aéroport jusqu’à la place du Commerce. Pour les plus courageux, gravir les collines à pied offrira des points de vue sans précédents : de nombreux miradouros sont dispersés aux quatre coins de la ville, proposant bancs, petits parcs fleuris et buvettes, le plus souvent.

Pour les autres, rejoindre la ville basse ou les sommets pourra se faire par ascenseur, notamment par le surprenant elevador Santa Justa, qui mène au Bairro Alto, ou encore en choisissant d’emprunter le tram 28, qui relie le quartier de l’Alfama et son château à la place du Commerce. Autant de moyens de transport qui permettront de passer d’une ambiance à une autre sur les voies de la Saudade.
Pont du 25 avril - crédit : James le Calvez
Pont du 25 avril - crédit : James le Calvez

​L’expérience de la Saudade


​Du point de vue culinaire, on mangera dans un des nombreux restaurants de l’Alfama, sous une pluie de petites lumières colorées, un des nombreux plats à base de bacalhau. Si l’on préfère la viande, l’odeur du frango assado, le poulet braisé ravira les papilles les plus exigeantes. On dégustera évidement un verre de Porto, rouge ou blanc dans n’importe quel bar de la ville, ou bien un verre de vinho verde, un vin vert incontournable portugais qui se marie parfaitement avec un plat à base de fruits de mer ou de poisson. Toutes les petites guinguettes proposent une farandole de pâtisseries, mais c’est dans le quartier de Belém que l’on mangera des pastéis divins, ces petites tartes à la pâte feuilletée et à la crème pâtissière, juste à côté de l’imposant monastère dans lequel la recette aurait été inventée il y a fort longtemps et y reste jalousement tenue secrète.

​D’un point de vue historique, on expérimentera la Saudade à la tour de Belém, où l’on se surprendra à rêver d’horizons lointains à la fenêtre de l’une des tourelles, le regard perdu dans le flux et le reflux des vagues…ou bien à la place du Commerce, toujours en contemplant les flots, imaginant les caravelles revenir de l’océan avec les promesses des nouveaux-mondes… ou encore sur l’une des palissades du château São Jorge, où l’on imaginera la cour portugaise fuir le pays suite aux invasions napoléoniennes de 1807…

Enfin, d’un point de vue culturel, déambuler dans les rues suffira, puisque l’on croisera des graffitis représentant la révolution de Œillets de 1974 ou bien le Fado, dont on entendra le son sortir des fenêtres des immeubles et par lequel on se laissera enivrer jusqu’au plus profond de son âme. En feuilletant un livre dans l’un des bouquineries, on flirtera avec les plus célèbres figures littéraires portugaises comme Fernando Pessoa, Camilo Castelo Branco ou Almeida Garrett. Bien sûr, on ne manquera pas les azulejos, ces petits carreaux de faïence colorés, le plus souvent bleus, présents dans toute la ville, qui personnifient des époques, illustrent des personnes ou représentent des scènes de la vie quotidienne d’un autre temps.
Fado graffiti - Crédit : James le Calvez
Fado graffiti - Crédit : James le Calvez

​C’est un voyage justement d’un autre temps qui nous attend lors d’un séjour à Lisbonne. Un séjour qui, d’une façon ou d’une autre, permettra d’expérimenter la Saudade, sur place ou une fois rentré, habités que l’on sera par les choses que l’on aura vécu, nourrissant le secret espoir de revivre ce sentiment incomparable le plus tôt possible.

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