Présidentielles en Argentine : l’humour, l’arme de riposte contre le candidat Daniel Scioli

21 Novembre 2015


À quelques jours du second tour de l’élection présidentielle prévue le 22 novembre en Argentine, les deux candidats n’ont de cesse de s’étriper. Le candidat péroniste, Daniel Scioli, soutenu par la présidente Cristina Kirchner, choisit une campagne offensive visant à détruire chaque promesse de son adversaire, Mauricio Macri. Le maire de la capitale Buenos Aires et candidat du parti Cambiemos (Changeons) riposte tout en laissant ses partisans opter pour l’humour comme arme de défense sur les réseaux sociaux.


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À la surprise de tous – des sondages et des candidats – le péroniste Daniel Scioli n’a pas atteint la majorité nécessaire pour être élu président. Pour la première fois dans leur histoire, les Argentins vont devoir choisir leur président lors d'un second tour prévu le 22 novembre. Les militants du parti Cambiemos ont d’abord célébré l’accès au second tour de leur candidat Mauricio Macri avant de crier de joie lors de l’annonce d’un résultat qui le place à moins de deux points de son rival.

Entre rivalités et coups bas

La semaine du 9 novembre débutaient les campagnes radio et télévisée avant le second tour des élections. Ces annonces n’ont fait qu’accentuer les critiques autour du candidat Daniel Scioli, actuel gouverneur de la province de Buenos Aires. L’une des campagnes vidéo n’est autre qu’une copie de celle utilisée par l’opposition brésilienne contre la présidente actuelle, Dilma Rousseff. On y voit apparaître des personnes portant des masques du candidat adverse, Mauricio Macri, qui les ôtent au fur et à mesure qu’ils apprennent ses propositions politiques dramatisées : réajustement, suppression des plans d’aide sociale ou encore limitation des droits de l’Homme. 

Une seconde vidéo du candidat Daniel Scioli, qualifiée par l’opposition de « campagne de la peur », montre trois ballons représentant les promesses du candidat adverse. La voix-off annonce : « quand quelqu’un veut être président d’Argentine, il dit n’importe quoi. Il te dit ce que tu veux entendre. Il fait des promesses remplies d’air qu’il n’accomplira jamais ». Et les trois ballons explosent. L’idée est plus de détruire l’adversaire que de promouvoir ses propres propositions. Pour Alberto Iglesias, chef d’entreprise argentin contacté par le Journal international, « la campagne de la peur est un mensonge des médias. Deux options s’opposent sur le plan économique et malheureusement l’une veut faire croire à un retour à une situation de terreur alors que ce n’est pas le cas. »

Le candidat Mauricio Macri riposte lui aussi par une autre campagne publicitaire où il critique le kirchnérisme : « nous savons tous ce qu’est la continuité. Il s’agit de poursuivre ainsi, d’oublier la possibilité d’aller mieux. » 

L’humour s’acharne contre le candidat Daniel Scioli

« Si Macri gagne personne ne retrouvera jamais Charlie » – Crédit Conmiedovotasmejor
Face aux coups infligés aux promesses du candidat Mauricio Macri, des milliers d’internautes ont partagé des photos humoristiques, de parodies de la « campagne de la peur ». La riposte la plus ingénue est l’œuvre d’un groupe Facebook, Con miedo votas mejor (avec la peur, tu votes mieux),  qui s’est ouvertement moqué de la campagne en la dénommant « campagne Bou ».

« Si Macri gagne, la Joconde ne sourira plus » – Crédit Conmiedovotasmejor
Sur Twitter, le hastag #SiMacriGagne est utilisé pour dénoncer les mesures contre les intérêts nationaux que pourrait prendre Macri. Rapidement, le hashtag chapeaute les absurdités.

Quant à son rival, sa riposte est évidemment très critique : « je croyais que Scioli était une bonne personne, je me suis trompé ». « Je ne peux pas comprendre, après tant d’années de relations, ce niveau de campagne. Il faut cesser de s’affronter » s’indigne Mauricio Macri. Tous deux sont fils d’entrepreneurs. Dans les années 90, ils militaient pour le même bord politique, le péronisme menemiste. Daniel Scioli a débuté en politique avec le libéral Carlos Menem en 1997, mais il n'a pas hésité à faire alliance en 2003 avec un autre péroniste anti-Menem, Nestor Kirchner. Il a été son vice-président en 2003 et en 2007, désormais gouverneur de la province de Buenos Aires.

Les candidats pourront-ils tenir leurs promesses ?

Les deux candidats ont annoncé certaines promesses qui semblent improbables. Tandis que Mauricio Macri, du parti Cambiemos, affirme que l’inflation n’augmentera pas après une dévaluation monétaire, Daniel Scioli déclare que le dollar se maintiendra à dix pesos. Aujourd’hui, l'écart avec le taux de change officiel avoisine les 70 %. La crainte de la population argentine est de voir le pays repartir vers une crise économique totale comme celle de 2003. La demande d’un changement se fait de plus en plus pressante. 

Daniel Scioli prend déjà ses distances avec la présidente sortante Cristina Kirchner. Cette dernière ne l'apprécie pas spécialement, et a d’ailleurs été contrainte de se rallier à sa candidature. 

Après les campagnes des deux rivaux, le dernier round les opposait en débat direct dimanche dernier, le premier dans l’histoire de l’Argentine. Les candidats se sont attaqués durant plus d’une heure. Alors que Daniel Scioli essayait d’associer Mauricio Macri à l’idée de dévaluation, son rival lui renvoyait les erreurs du kirchnérisme. Le candidat péroniste Daniel Scioli démarre la campagne en difficulté, et d’après les sondages c'est Mauricio Macri qui serait en tête. Toutefois, ce sont ces mêmes pronostics étaient finalement erronés pour le premier tour, on peut donc s'attendre à un nouveau résultat surprenant.



Effectuant un Master en journalisme après des études de droit, je suis passionnée par le… En savoir plus sur cet auteur