Qatar : vers un Mondial 2022 en hiver

8 Janvier 2014



Aujourd’hui, Jérôme Valcke, numéro 2 de la FIFA a fait savoir que la Coupe du monde 2022 organisée par le Qatar devrait se dérouler en hiver, afin d’éviter les grosses chaleurs de l’été dans le pays du Golfe persique. Une décision salutaire qui engendre toutefois des modifications de calendrier pour les acteurs du football mondial.


Jérôme Valcke |  © Reuters
Jérôme Valcke | © Reuters
La première Coupe du monde de football organisée dans la péninsule arabique devrait également être la première à se dérouler en hiver. En annonçant aujourd’hui [le 8 janvier 2014, ndlr] sa volonté de voir le Mondial 2022 organisé par le Qatar lors d’une période hivernale, la Fédération Internationale de Football (FIFA) a sans doute écouté la voie de la raison. Par l’intermédiaire de Jérôme Valcke, son Secrétaire général, elle s’est montrée claire. « Les dates de la Coupe du monde [2022, ndlr] ne seront pas juin-juillet. Franchement, je pense que ça se jouera entre le 15 novembre et le 15 janvier au plus tard », a-t-il indiqué fermement sur les ondes de France Info, ne précisant toutefois pas si la compétition se déroulerait à cheval sur les années 2021 et 2022 ou durant la saison 2022-2023.

Cette décision apparaît avant tout comme le résultat d’un bon sens général de la part de la principale instance du football mondial, qui gère l’organisation du Mondial avec chaque pays hôte. Alors que les températures peuvent atteindre les 50°C entre les mois de mai et octobre au Qatar, Jérôme Valcke a tenu à préciser les raisons de ce décalage de calendrier : « Si vous jouez entre le 15 novembre et la fin du mois de décembre, c'est le moment où la météo est la plus favorable, où vous jouez à une température qui est équivalente à celle d'un printemps un peu chaud en Europe, à une température moyenne de 25 degrés. Donc c'est parfait pour jouer au football.»

Volte-face de la part de la FIFA

Une évidence finalement. Que certains acteurs avaient déjà pointée du doigt depuis l’attribution de la compétition au Qatar. Ainsi, la FifPro, la confédération des syndicats de joueurs de football, avait affirmé par le biais de son président Philippe Piat son refus de jouer sous de telles chaleurs. « Jouer au Qatar l'été entre 45 et 50°C, même si on dit qu'on va climatiser les stades, ce n'est pas sérieux, a-t-il déclaré en octobre dernier. Une Coupe du monde, ce n'est pas seulement les 22 joueurs sur le terrain. C'est tout un ensemble, des populations qui se déplacent, des touristes. Nous avons informé la FIFA et l'UEFA que nous ne jouerions pas l'été au Qatar.»

Une prise de position qui a sans doute pesé dans la balance pour que la FIFA retourne sa veste, ce qui donne satisfaction à Piat : « Pour les joueurs de football, c'est une excellente nouvelle. D'ailleurs on a exercé une certaine pression pour que la Coupe du monde soit déplacée en hiver et on a donc obtenu satisfaction directement ou indirectement. D'autant plus que je le rappelle, le manuel de santé de la FIFA prévoit qu'au-dessus d'une température de 32 degrés, il y a un risque extrême pour la santé des joueurs. C’est donc une bonne nouvelle.»

Une bonne nouvelle qui fait également figure de volte-face de la part de l’organe suprême du football mondial, dont le président Sepp Blatter ne ressort pas grandi. D’abord opposé, puis réticent à l’idée de changer les dates de l’événement, il reconnaissait en juin dernier « l’erreur » de la FIFA d’avoir attribué l’organisation de la Coupe du monde en 2022 au Qatar. « Il est clair qu'on ne peut pas jouer par cette chaleur en plein été, avouait-il. Il faut prendre en compte la santé des joueurs. Il est possible de refroidir un stade, mais pas un pays tout entier. C'est pourquoi le comité exécutif doit se montrer courageux et faire prendre conscience aux Fédérations qu'il faut changer quelque chose. On n'a pas sous-estimé cette question, on l'a peut-être mal appréhendée.»

De nouveaux problèmes de calendrier à prévoir

Il n’en reste pas moins que la désignation du Qatar dès 2010 - soit douze ans avant l’événement, contrairement aux sept années habituelles - demeure suspecte. Ce que souligne Jean-Pierre Louvel, président de l'Union des clubs professionnels de football français (UCPF), non sans une pointe d’ironie : « Le problème de calendrier, il fallait se le poser avant, quand on a donné la Coupe du monde au Qatar… Après il faut trouver les meilleures adaptations pour le football mais c'était avant qu'il fallait se poser toutes ces questions-là. » Car c’est un autre défi qui attend désormais les Fédérations de nombreux pays, celui d’adapter leur calendrier national pour permettre à leur sélection d’aborder le rendez-vous mondial dans les meilleures conditions.

Les parties prenantes (Fédérations, Ligues, clubs, joueurs, médias, sponsors, diffuseurs) ont déjà prévu de se réunir pendant la période allant de janvier à août 2014. Avant de se pencher sur l’établissement d’un nouveau calendrier international à l’horizon de l’automne 2014, pour une présentation en décembre prochain devant le comité exécutif de la FIFA.

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Julien Desbuissons
Diplômé du Magistère Journalisme d'Aix-en-Provence et d'un Master 2 (Droit et Management de la... En savoir plus sur cet auteur