Rigueur budgétaire : l’Espagne s’attaque à l’école

6 Décembre 2012



Les critiques se multiplient à l’encontre de la future Loi organique pour l’amélioration de la qualité de l’éducation (LOMCE). En s’attaquant à l’école en pleine récession économique, l’Espagne semble se lancer sur un terrain glissant.


José Ignacio Wert, ministre de l'Education et de la Culture espagnol
José Ignacio Wert, ministre de l'Education et de la Culture espagnol
Le ministre de l’Education et de la Culture espagnol, Jose Ignacio Wert, a du souci à se faire. Depuis quelques jours, il est soumis à une série de critiques de toute part. Le projet de loi organique pour l’amélioration de la qualité de l’éducation (LOMCE) a provoqué l’émotion dans les milieux éducationnels et au sein des foyers espagnols. 

La communauté catalane a particulièrement été touchée. Ses habitants se sont dit choqués des intentions de M. Wert d’ « espagnoliser » les jeunes Catalans. Celui-ci avait en effet souhaité réaffirmer l’importance du castillan. Tous redoutent un fort recul de la langue catalane à l’école. La conseillère à l’enseignement de la Generalitat de Catalogne, l’institution politique de la communauté autonome, Irene Rigau, a fortement décrié cette tentative d’ « uniformisation et de recentralisation » du système éducatif. Le ministre de l’Education espagnol s’est défendu de toute accusation en affirmant que le catalan pouvait rester la langue principalement employée dans les écoles catalanes, mais que le castillan devait toutefois y figurer réellement, « pas seulement en apparence. »

Le secrétaire général du parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Alfred Pérez Rubalcaba, a par ailleurs accusé José Ignacio Wert de se cacher derrière ce débat sur la langue, pour éviter d’aborder les sujets « vraiment importants ». Les thèmes de fond seraient pour lui la mise en place d’un enseignement religieux préconisé par la loi et surtout l’échec scolaire. Il a déclaré vouloir substituer à cette vision « de droite », qui consiste selon lui à « jeter à la rue ceux qui ont échoué », la vision socialiste de l’école qui viserait à donner à ceux qui n’ont pas eu un environnement familial favorable la possibilité de s’en sortir. Pour M. Rubalcaba, la crise ne serait qu’une excuse pour réduire le budget de l’Education. 

Les recteurs d’académie ont, quant à eux, organisé une conférence de presse mercredi 5 décembre. L’objectif était de lutter contre les coupes budgétaires dans le domaine de la Recherche et Développement. Dans un communiqué, ils ont déclaré que ces réformes seraient « un frein inacceptable au développement technologique et au progrès économique. » 

En pleine récession économique, l’Espagne multiplie les coupes budgétaires. Avec près de 25% de chômeurs (chiffres INE), il peut paraître risquer pour le pays de se lancer dans une réforme de l’école. C’est le pari de José Ignacio Wert qui a donné rendez-vous le 19 décembre prochain pour la prochaine Conférence sectorielle sur l’Education. 

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Tiphaine Pioger
Fan de politique, je vous livre les enjeux qui entourent les sociétés d'aujourd'hui. Après Paris,... En savoir plus sur cet auteur