Roumains et Bulgares, entre intégration et administration

27 Mai 2013



En respectant la loi de l’Union européenne, toutes les restrictions du marché de travail concernant les Roumains et les Bulgares doivent être enlevées à partir de 31 décembre 2013. Parmi les pays qui sont concernés par cette modification, il y a la France et le Royaume-Uni. En théorie, tout le monde connait en grandes lignes ce qui va se passer en 2014 ; en réalité, la situation reste assez flottante. Où est donc la vérité ?


Roumains et Bulgares, entre intégration et administration
Depuis 2007, année de l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’Union Européenne, les citoyens de ces deux pays ont été confrontés à des restrictions par rapport au marché de travail européen. C’est une situation peut être résumée en comptant les heures d’attente devant les préfectures, dans des queues interminables, là où les Roumains et les Bulgares prennent leur mal en patience pour recevoir les documents dont ils ont besoin pour travailler légalement. Les eurosceptiques voient dans cette situation une mesure de précaution, utile pour s’assurer que « ces gens » ne vont pas parasiter leurs pays. Les pragmatiques et les réalistes perçoivent ces enjeux comme une preuve de xénophobie et de racisme. N’importe lequel des points de vue que l’on choisit, on pourra facilement se rendre compte que la réalité du présent ne favorise pas l’égalité des chances pour tous. Mais il y a encore de l’espoir… 2014 doit marquer le début d’une autre Union : plus ouverte, plus tolérante et plus flexible.

Pour mieux exposer la particularité de cette différence, on va surtout s’intéresser à l’administration de deux pays parmi les membres-clés de l’UE : la France et le Royaume-Uni. En général, tous les Roumains et les Bulgares qui émigrent dans ces deux pays ont besoin des documents spéciaux pour pouvoir y travailler. En France, on appelle ça un « Titre de séjour ». En Angleterre, c’est l’équivalent de la « Yellow card » pour les étudiants et d'un « Work permits, work visas » pour les autres cas. Jusqu’ici, tout est clair, mais ce que les gens oublient, c’est que les Roumains et les Bulgares doivent mettre beaucoup de temps pour obtenir ces papiers. En France, on attend entre deux et trois mois, mais au Royaume-Uni, ça peut prendre jusqu'à un an. Il faut bien garder à l’esprit que l’on parle de la Roumanie et de la Bulgarie, deux pays qui font partie de l’UE. Dans les deux cas, les étudiants n’ont pas « vraiment » le droit de travailler à temps plein, sauf dans certains cas. Ils ont même un nombre limité d’heures de travail par année, en France, ou par mois, au Royaume-Uni, qu’ils ne doivent jamais dépasser. Après, l'on retrouve toujours les mêmes problèmes qui peuvent être évoqués, ça veut dire le manque de lieux de travail, la difficulté de la tâche, parfois de la discrimination, mais ce sont des pièges que l’on retrouve partout.

Si l’on compare, on pourra même dire que, dans certains cas, ça peut paraitre mieux d’être Roumain ou Bulgare en France que sur la terre britannique. Les Français ont commencé à s’habituer à cette situation. À part les stéréotypes et les préjugés qu’on connait tous très bien, du type les Roumains confondus avec les gitans, on n’en parle pas trop. Les étudiants ayant obtenu un Master 2, en France, peuvent même travailler comme tous les autres français. Ceci est loin d'être le cas partout.

Pour aller plus loin, il faut regarder la situation actuelle du Royaume-Uni. Westminster semble avoir une approche assez délicate et vraiment sceptique par rapport aux changements de l’année prochaine. D’un côté on a les extrêmes : les Lib-Dems (Liberal Democrats) qui sont toujours pro-européens et qui ont même accusé les autres partis d’avoir traité les Roumains et les Bulgares comme des citoyens européens de deuxième classe ; et, à l'opposé, le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui est un parti très réservé, conservateur, eurosceptique et plutôt radical. De l’autre côté, on parle des deux premiers pouvoirs politiques, les Conservateurs et les Travaillistes. Là, on a une sorte de mélange, car parmi les Conservateurs, il y a des opinions pour et des opinions contre, alors que les Travaillistes s’intéressent vraiment aux droits européens des Roumains et des Bulgares. La différence majeure entre le Royaume-Uni et les autres pays européens, comme la France, l’Italie et l’Espagne, est que la population rom avec des origines roumaines ou bulgares est beaucoup moins nombreuse. Ensuite, les Anglais, en général, ne comprennent pas tout à fait la situation délicate qui a été créée autour de ce peuple migrateur, et ont tendance à stigmatiser les Roumains et les Bulgares, en les voyant comme des gens qui vont venir « abîmer » leur pays. Le Ministère des Affaires étrangères britannique a lancé plusieurs études et enquêtes ayant pour but d’estimer le chiffre des immigrants roumains et bulgares qui vont « envahir » la terre britannique. Contrairement à ce que le premier ministre David Cameron a soutenu, les résultats de ces investigations affirment que les Roumains et les Bulgares ne vont pas assaillir le Royaume-Uni. Mais, le fait que même le leader politique du pays a l’air d’être eurosceptique et homophobe encourage le lancement d’autres idées et propositions même plus audacieuses.

En disputant les opinions de Cameron, les Travaillistes se déclarent 100 % pro-Européens, un changement de direction qui veut ouvrir les yeux aux Britanniques, concernant la législation européenne. Cameron a bien précisé qu’il acceptera d’organiser un référendum sur la question de la sortie du Royaume-Uni de l’UE en 2017. Puisque l’UKIP maintient sa politique contre l’UE, ceux-ci veulent absolument pousser l’organisation du référendum. Après les élections locales de mai 2013, le parti de Nigel Farage ayant amassé plus de scrutins que les Libéraux, est devenue la troisième force politique au Royaume-Uni. Ce « coup de poing » leur a donné encore plus de courage pour se lancer dans la demande audacieuse d’organiser le référendum beaucoup plus tôt, en jouant sur de manière injustifiables sur la situation des Roumains et des Bulgares. Même s’il garde toujours ses opinions réservées, Cameron vient de déclarer que l’union avec l’Europe restera en place jusqu’aux prochaines élections générales de 2015, et que la question de l’organisation du référendum est maintenue pour l’année 2017. Malgré les disputes intérieures du parti conservateur, le premier ministre reconnait que les frontières du Royaume-Uni resteront toujours ouvertes à ceux qui ont du potentiel et qui veulent y venir pour contribuer à l’amélioration de la situation du pays. Autrement dit, il reconnait volontiers, que chaque année, il y a beaucoup d'étudiants roumains ou bulgares très assidus ou même spécialistes dans des domaines divers, comme la médecine, l’engineering, qui choisissent le Royaume-Uni comme destination pour travailler et se construire une meilleure vie. Dans son discours qui marque la cérémonie de l’ouverture du Parlement, la Reine Elizabeth II a mentionné le fait que son gouvernement va réfléchir pour reformer la législation sur l’immigration, en s’assurant que seulement ceux qui sont prêts à travailler pour le bien du pays vont pouvoir y venir s’installer.

Le résultat de toute cette analyse reste assez incertain, car on pourrait jamais estimer exactement ce que va se passer avec les Roumains et les Bulgares à partir de 2014. La situation troublante du Royaume-Uni remet en question le principe d’égalité des chances, qui pour le moment parait assez restreint. En France, les Roumains et les Bulgares restent parfois stigmatisés, mis à côté, mais on a l’impression que cette situation maladroite a commencé à évoluer. L’intégration de quelqu’un qui choisit d’aller habiter dans un autre pays englobe tous les aspects de vivre : la vie quotidienne, le lieu de travail, l’intégration du point de vue administratif… Mais si le but de l’UE est notamment de permettre le libre passage des citoyens des pays membres et de faciliter leur assimilation aux cultures étrangères qu’ils ont envie de découvrir, pourquoi est-ce qu’on doit « compliquer » et restreindre ce droit aux Roumains et aux Bulgares ? L’année 2014 semble apporter la réponse et la solution de ce problème. En attendant le résultat final, on garde l’espoir et la patience… Après tout, qui vivra verra !

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Madalina Cretu
Jeune fille née sur les terres de Dracula, originaire de Roumanie et venue à Lyon pour vivre la vie... En savoir plus sur cet auteur