Shadow dancer, le choix cornélien sauce British

20 Janvier 2013



Le réalisateur anglais, James March, nous livre avec Shadow Dancer, un film politique à la fois intelligent et sobre, ayant pour cadre une famille prise dans les tourments du conflit entre l'Angleterre et l'Irlande du Nord qui fit rage à la fin du XXeme siècle.


Shadow dancer, le choix cornélien sauce British
En 1993 Collette McVeigh, veuve républicaine vivant à Belfast avec sa mère, son fils et ses frères, est confrontée à un choix difficile. Après un attentat raté dans le métro londonien, elle est finalement arrêtée par les services secrets anglais. Lors de son interrogatoire un agent du MI5 lui propose alors un marché : devenir une « indic » en espionnant sa famille et l'Armée républicaine irlandaise (IRA), soit finir ses jours en prison. Elle décide de faire confiance à cet agent et retourne au pays.

Shadow Dancer est adapté du roman éponyme de Tom Bradby. L'auteur était correspondant en Irlande pour la télévision anglaise dans les années 90, en plein cœur du conflit nord-irlandais. Pour le film, Tom Bradby a aussi pris part au scénario.

L'histoire et la géopolitique sont partie intégrante du long-métrage. Le réalisateur touche du doigt ce sujet sensible mais sans jamais réellement l'approfondir. Ainsi la vie quotidienne des Nord-irlandais, les relations et la difficile cohabitation entre Républicains et Loyalistes sont très peu montrées. Le film s'attarde sur une femme et sa famille, tous républicains. Ils sont embourbés dans ce conflit qui a rongé la société de l'époque, et c'est à travers ces personnages qu'on entraperçoit ce moment sombre de l'histoire britannique.

Ce long-métrage est porté par Andrea Riseborough. L'actrice anglaise est excellente dans le rôle de Colette McVeigh. Elle est omniprésente à l'écran et impressionnante par sa justesse dans chacune de ses apparitions. Face à elle, un habitué du genre : Clive Owen. L'acteur est convainquant en agent intègre du MI5. A noter aussi la présence de très bons seconds rôles comme Gillian Anderson, l'ancien agent Scully de X-files, qui campe ici une agent des services secrets britanniques ou encore David Wilmot, petite frappe dans L'Irlandais, qui interprète ici un membre déterminé et sans pitié de l'IRA. 

On sent que James March est un habitué des documentaires. Le réalisateur de l'oscarisé Funambule sait comment donné une ambiance et une atmosphère singulière à son long-métrage. La froideur de la réalisation accentue ce côté réaliste. On est plongé dans la vie de cette femme qui tente de s'en sortir malgré les difficultés liées à cette période trouble et à son choix. Le réalisateur nous tient en haleine pour mieux terminer en beauté avec une fin surprenante.

Shadow Dancer n'est pas vraiment un film d'espionnage ou policier comme on pourrait le croire en lisant le synopsis, c'est en fait un drame brut et émouvant. L'atmosphère de ce long-métrage, la qualité des acteurs avec une admirable Andrea Riseborough, comme la qualité du scénario au plus proche de la réalité sont autant de raison d'aller voir ce film.

Sortie le 6 février.


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Julien Lopez
Astronaute, blogueur, esthète, amateur de cinéma, Don Draper du dimanche, animateur radio et bien... En savoir plus sur cet auteur