Sotchi 2014 : Diana Vishneva à l'honneur de la cérémonie d'ouverture

S'il fallait représenter l'ouverture de la Russie sur la scène internationale, Diana Vishneva était bien la mieux placée. Tout en étant la vedette de l’American Ballet Theatre de New York, la ballerine reste l’icône de la danse russe. Celle qui a porté, en octobre dernier, la flamme olympique dans les rues de Moscou sera la vedette de la cérémonie d’ouverture. Pourtant, ce grand écart est de plus en plus menacé par des tensions diplomatiques grandissantes entre Moscou et Washington. D'Est en Ouest, la danseuse ne cesse de parcourir le monde. Vishneva semblerait incarner l'icône intouchable, au-dessus des querelles.

Certes, la nouvelle Pavlova a dû se battre, mais l'Académie Mariinsky l'a autorisé très tôt à intégrer les compagnies internationales. Elle joue en quelque sorte le rôle de ballon d'essai pour l’intégration de ballerines russes post-soviétiques dans les compagnies occidentales. Les professionnels de danse en Russie avaient très vite compris l'énorme potentiel artistique, physique, moral et technique de Diana Vishneva et mesuraient parfaitement l’opportunité de se former à New York, ville phare de la musique et de tous les arts. Ils ne peuvent que continuer à soutenir la ballerine dans sa collaboration avec l'ABT. Vishneva porte une lourde responsabilité pour la danse russe à l'international, sans pour autant quitter définitivement la Mariinsky puisque la danseuse se considère comme « une citoyenne de Saint-Pétersbourg ».

Grâce à cette audace insatiable d'aller toujours plus loin, Diane Vishneva s'est laissée apprivoiser par l'univers du ballet romantique en dansant des pièces d’Edouard Lock, Alexeï Ratmansky, Moses Pendleton, Maurice Béjart, Kenneth MacMillan, John Neumeier et autres. Mais, aujourd'hui, celle que l'on surnomme « le visage de Mariinjski » vit un tournant dans sa carrière puisqu'elle travaille davantage avec des chorégraphes contemporains – Jean-Christophe Maillot du Ballet de Monte-Carlo, par exemple. Régulièrement invitée par l'Opéra de Paris (en janvier dernier pour interpréter Lost Illusion), la Scala de Milan, le Bayerisches Staatsballett de Munich ou le Théâtre du Bolchoï, toutes les plus grandes scènes ont été foulées par les pirouettes et les entrechats de Diana Vishneva. Aux quatre coins du monde, la ballerine est telle une ambassadrice de la Russie.

La danse a toujours été à la frontière entre art et sport. Pourtant, certains diraient qu'elle est très liée à l'idée des Jeux olympiques. Ces artistes peuvent être aisément comparés, à l'image de Diana Vishneva par exemple, à des sportifs de haut niveau. L’entraînement physique qu'ils s'imposent chaque jour en est la preuve. Cette rencontre internationale entre les sportifs anime l'envie de pousser ses propres limites et de se comparer les uns des autres. C'est l'idée de se surpasser collectivement ou individuellement. 

Mais, la danse semble aller encore plus loin. Aux JO, les corps sont en compétition alors que dans la danse, les corps sont en expression. A travers le travail du danseur, les notions de préparation physique sont très proches. Pour autant, ils se sentent très éloignés des sportifs. Les danseurs doivent dépasser le cadre artistique afin de se rendre le plus humain possible. Quoiqu'il en soit, dans chacune de ses pratiques sportives et artistiques, ce qui est fondamental et bien connu, c'est l'harmonie du corps avec l'esprit. Dès le Ier siècle d'ailleurs, Juvénal, poète romain l'avait déjà compris : « Mens sana in corpore sano ».

Durant près de 2h30 de spectacle, la Russie, avant tout « berceau de la Danse », rend hommage à son histoire, à ses œuvres et à ses héros.