The space between us, hommage aux relations afro-germaniques

Nathalie Macq
23 Novembre 2013



The space between us est une exposition qui se tient en ce moment à Berlin. Les rues de la capitale sont envahies, ainsi que la galerie berlinoise de l’IFA (Institut des cultures étrangères). Cette exposition illustre les relations germano-africaines d’hier et d’aujourd’hui grâce au concours d'artistes africains qui ont accepté de présenter leurs œuvres.


Crédits photo -- IFA-Galerie Berlin
Crédits photo -- IFA-Galerie Berlin
L’exposition The space between us se tient dans la capitale allemande du 27 septembre au 22 décembre. Elle prendra ensuite ses quartiers dans la Galerie de l’IFA de Stuttgart de janvier à mars 2014. La directrice de l’exposition Marie-Hélène Gutberlet, diplômée en histoire de l’art et titulaire d'un doctorat en études cinématographiques, a grandi en Allemagne, au Bénin et en Suisse. Ce projet d'exposition lui a permis de sortir des sentiers battus, et de proposer une nouvelle forme d’art qui met en valeur les possibilités qu’offrent les espaces publics.

Les thèmes présentés sont la mobilité, la migration, l’histoire et l’histoire de l’art. L’exposition honore la présence des communautés africaines à Berlin qui y sont installées depuis longtemps, mais qui sont à peine visibles. La question de l‘accessibilité à la culture, à l’art est également un point fort de son projet. Au-delà des photographies présentes dans les espaces publics, l’Institut met à disposition du public des espaces consacrés à la musique, des courtes publications écrites, des longs métrages, des salles de lecture, ainsi que des excursions et visites guidées de la ville de Berlin. Cette conception a pour vocation de mettre en avant des lieux où l'on peut réfléchir, partager et s'exprimer en toute liberté.

Tanka Fonta est un des contributeurs de l’espace musical de l’exposition. Dans une interview, il explique que « les mots sont insuffisants pour capter l’incroyable spontanéité et la continuelle improvisation des choses de la vie ». C’est pour cela que la musique est pour lui un élément essentiel à cette exposition.

Des films sur les thèmes du parcours et l’éducation sont présentés. On y découvre, notamment, le parcours de la demi-sœur de Barack Obama, Auma Obama, grande activiste féministe qui a fait ses études à Berlin. Autre artiste exposé : Wilfried N’Sondé. Diplômé en sciences politiques à la Sorbonne, il raconte, à Berlin, sa propre vie dans un des romans mis à disposition, une vie qu’il a passée d’abord au Congo, puis en France et en Allemagne. Les photographes sont nombreux. L’un deux, Mansour Ciss Kanakassy, a travaillé pendant plusieurs années sur un projet nommé « Laboratoire de Déberlinisation ». Il présente aujourd’hui des autoportraits de la population africaine dans le parc de Tiergarten à Berlin, réalisés en 1997. Il parle d’une « phase de clarification intellectuelle ». Bien qu’il se soit senti intégré dès son arrivée dans la capitale allemande, la localisation de Berlin semblait un peu à l’étroit pour les artistes africains.

L’artiste camerounais Guy Wouete a, lui, décidé de mettre en avant les questions d’immigration à l’heure de la mondialisation, « les réalités de la vie de tous les jours sont ma principale source d’inspiration ». Avec les autoportraits exposés, il cherche à créer un espace entre l’image et les modèles, un espace que chaque individu peut réinventer ou redéfinir, socialement, culturellement ou politiquement. Chaque œuvre est unique et dotée d’un message particulier pour ses spectateurs, lecteurs, auditeurs.

Crédits photo -- surveyor.in-berlin.de
Crédits photo -- surveyor.in-berlin.de


Une histoire commune

La relation entre l’Allemagne et le continent africain a débuté à l’époque coloniale des années 1880. Sous la pression des milieux d’affaires, Otto von Bismarck, premier chancelier impérial allemand, a pris possession de plusieurs pays africains : le Togo, le Cameroun, l’Afrique occidentale (Namibie aujourd’hui) et l’Afrique orientale (région qui regroupe la Tanzanie, le Rwanda et le Burundi). Cette épopée coloniale a pris fin après la Première Guerre mondiale, l’Allemagne se voyant dans l'obligation de confier ses colonies à la Société des Nations.



Une histoire d’intérêts

Depuis le début du 21e siècle, le continent africain voit sa croissance économique augmenter de 6 % par an, soit le double de la moyenne mondiale. En 2011, l’Allemagne a réalisé une étude portant sur les stratégies à adopter dans le cadre de ses relations avec l’Afrique. Elle y cite notamment les intérêts de la République fédérale dans le développement de ce continent. Bien sûr, la paix et la sécurité des pays voisins apparaissent comme les intérêts majeurs. Mais aussi, la naissance d’un Etat de droit, d’un Etat démocratique qui permettrait à l’Allemagne d’investir et d’implanter des sociétés florissantes en Afrique.

En tant qu’acteur principal de l’économie internationale, l’Allemagne a un intérêt évident à soutenir l’intégration du continent africain dans l’économie mondiale. Enfin, soutenir l’Afrique dans ses défis environnementaux permet à l’Allemagne d’avoir des garanties de bon développement dans ce pays, comme le gouvernement fédéral l’affirme : « la baisse des rendements de l’agriculture en raison de la pénurie d’eau ou de l’érosion des sols peut conduire à des crises alimentaires, à des migrations et à des conflits autour des ressources limitées, avec des répercussions éventuelles pour l’Allemagne et l’Europe. » (1) L’économie allemande dépend des importations de matières premières, alors que « l’Afrique est un producteur majeur de sources d’énergie fossiles comme le pétrole et le gaz et possède un grand potentiel pour l’exploitation de l’énergie solaire, éolienne et hydraulique. » (2) Les évolutions de l’Afrique en matière de politique, d’économie et d’environnement, font d’elle un partenaire idéal pour l’Allemagne. L’Afrique a tout à y gagner, l’Allemagne aussi.


(1) (2) Source : auswaertiges-amt.de

Crédits photo -- Baptiste Vassy
Crédits photo -- Baptiste Vassy

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