VOLT, festival attirant dans une Hongrie ouverte

Manuel Blanc
13 Juillet 2013



À l'heure où, politiquement, la Hongrie de Viktor Orbán est mise au banc au sein de l'Union européenne, elle reste néanmoins un lieu de prédilection pour les festivaliers européens. Récemment, plus de cent dix mille amateurs de musique en tout genre ont fait le déplacement jusqu'à Sopron, où se tient chaque année le festival VOLT.


Crédit Photo -- simpleplan.com/zsofi94hungary
Crédit Photo -- simpleplan.com/zsofi94hungary
Récemment, plus de cent-dix-mille amateurs de musique en tout genre ont fait le déplacement jusqu'à Sopron, où se tient chaque année le festival VOLT. Ils ont pu, du 3 au 6 juillet, profiter de leurs idoles, des basses du groupe Knife Party aux échos jazzy du DJ Parov Stelar, en passant par le rock alternatif local de Quimby. Bien plus qu'un rassemblement musical.

La Hongrie des festivals et la construction d'une culture post-communiste

Les festivals hongrois comme le VOLT ou le mythique Sziget, font partie intégrante des nombreuses marques de la transition post-soviétique du pays. C'est dans les années 1990, après la chute du régime communiste, que s'y sont développés les grands festivals, à l'instar de VOLT, dont on fêtait cette année la 21e édition. De tels évènements ont été un atout certain, assurant le rayonnement culturel du pays, mais surtout en répondant à la forte demande, pour ne pas dire pression, de la jeunesse hongroise ; désireuse d'accéder à des loisirs nouveaux et populaires symboles d'un mode de vie interdit jusqu'alors. Si l'on peut dire que les festivals se sont implantés en Hongrie par analogie à ce qui se faisait en Europe occidentale, ceux-ci n'ont désormais plus rien à envier à leurs grands frères. De petits rassemblements estudiantins sans prétention, les festivals hongrois sont devenus des évènements de masse largement reconnus en Europe. La seule statistique de la fréquentation des festivals de Sziget et de VOLT est éloquente à ce sujet, puisqu'ils rassemblent respectivement quatre-cent-mille et cent-mille fans chaque année, et les chiffres augmentent au fil des étés. Pour ce qui est de VOLT, la situation géographique du festival jouxte la frontière autrichienne en plus d'être à quelques kilomètres des plaines slovaques. Cette position n'est sans doute pas étrangère à ce pouvoir d'attractivité et a été une aubaine, favorisant le désenclavement de cette ancienne République soviétique en attirant plus aisément un large public européen.

Un déchainement pacifique

Des enfants en bas âge dansant devant une scène bondée, imitant les jeunes, et les plus âgés qui les entourent. La scène mérite de s'y attarder. À elle seule, elle illustre à quel point le festival VOLT a su dépasser l'image classique de la beuverie pour étudiants délurés en vacances, et ce, même si le prix de la bière y est imbattable. La politique du festival, dont les organisateurs sont très fiers, a toujours été de maintenir une ambiance familiale. Dans ce cadre, punks à crête fuchsia, blousons noirs, amateurs de rap en baggys ou fans d'électro déguisés en robot dansent ensemble, malgré ces multiples styles, devant les scènes. C'est la même politique qui amène la production à contenir le prix des tickets, pour rassembler un public aussi large que possible. Certes, le coût d'une entrée - 39 euros pour un jour, et 110 euros pour l'ensemble du festival - peut paraitre élevé au regard du niveau de vie moyen en Hongrie. Cependant, lorsque l'on s'intéresse à la programmation, le prix reste dans la moyenne des festivals européens.

Un monde à part

Les bois et clairières mis à disposition du festival pendant les trois jours semblent comme coupés du monde réel et de ses tracas, chose appréciable en temps de marasme économique et de tensions politiques. Les fans qui déambulent d'une scène à l'autre affichent, exception faite des plus fatigués, une mine radieuse. Même ceux qui fréquentent le festival pour une seule journée se trouvent vites à leur aise dans cette ambiance chaleureuse. Un véritable quartier se construit dès l'arrivée des premiers festivaliers et de leurs tentes, qui occupent bientôt tout l'espace dans la clairière qui leur est réservé, formant une mosaïque des plus cocasses. Le festival dispose également de sa propre économie, et plusieurs semaines avant que les premières notes ne retentissent, des centaines de petites mains, dont une grande part de bénévoles s'affairent à organiser l'espace de manière à rendre la visite agréable, sûre... et propre. Ce sont des bénévoles qui renseignent les festivaliers, les orientent, et les abreuvent pendant les trois jours que durent les festivités. Et comment ne pas évoquer le rôle des techniciens, qui, à coup de projecteurs et de tables de mixage, se démènent en coulisse pour que les performances des artistes en soient d'autant plus fantastiques ?

En fin de compte, diversité et modernité sont bel et bien les deux mots-clés pour qui se hasarde à résumer le festival. C'est ainsi que, ne se contentant pas d'une programmation éclectique, le VOLT diversifie son activité. En plus des traditionnels stands de ventes de sandwichs, boissons, et autres t-shirts ou casquettes à l'effigie de l’évènement, les festivaliers, que les heures passées à se trémousser devant les scènes n'ont pas épuisés, optent aussi pour le saut à l’élastique, activité proposée figurant sur la liste des manèges déconseillés par les cardiologues. Pour ce qui est de la modernité, VOLT est un festival 2.0, à l'image de son application mobile ou de la diffusion des concerts en live sur Internet, qui a intéressé cette année plus d'un million de personnes.

Les festivals sont donc un beau divertissement pour le visiteur de passage en Hongrie. Et ceux qui ont manqué VOLT n'ont pas de souci à se faire, puisque l'été sera rythmé par plusieurs autres festivals tels que le Sziget ou Balaton Sound, dont la programmation saura satisfaire tous les goûts.

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