« Toutes les filles à l'école ! »

Maria-Cristina Dinu
27 Octobre 2014



La reprise des cours est un moment qui génère des réactions très diverses dans les pays occidentaux. Certes, la révolte contre le système d'éducation est un luxe, car nous faisons partie des étudiants privilégiés qui peuvent aller à l'école. Pourtant, la situation globale reste alarmante : 1 milliard d’analphabètes dans le monde dont les 2/3 sont des femmes. Nous pouvons ainsi nous demander pourquoi y-a-t-il encore une discrimination des filles, alors pourtant que l'humanité a fait des progrès en la matière.


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Les statistiques montrent que seulement un tiers des enfants scolarisés dans le monde sont des filles, dont la plupart habitent dans les pays développés de l'Occident. Dans une conception universelle, l'accès à l'éducation correspond au degré de liberté dans un pays et au système démocratique mis en place. Les régions les plus touchées par l'analphabétisme restent l'Afrique centrale et une grande partie de l'Asie. L'inégalité entre les filles et les garçons est fortement visible dans des pays comme le Yémen qui empêche plus de 80 % des jeunes filles d’aller à l’école. Cette logique se fonde sur une conception selon laquelle la femme est destinée à rester au foyer, afin de s'occuper de son mari et de ses enfants. Son éventuelle scolarité est vue comme un gaspillage de temps et de ressources financières, qui n'amène pas de bénéfices. 

Cette situation délicate ne passe pas inaperçue, les autorités essaient de mettre en place des accords internationaux dont l'objectif est de faire respecter le droit à l'éducation de l'enfant. Plusieurs pays réunis au sein du forum mondial sur l'éducation de Dakar en 2000 ont fixé des objectifs précis pour 2015. La résolution adoptée vise à « éliminer les disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire d’ici à 2015 et instaurer l’égalité dans ce domaine en 2015, en veillant notamment à assurer aux filles un accès équitable et sans restriction à une éducation de base de qualité avec les mêmes chances de réussite ». Même si c'est une très belle initiative, cette proposition n'est pas très bien accueillie au sein des communautés fermées qui gardent une logique coutumière, contraire à l'égalité des sexes. 

Malala Yousafzai : symbole de la lutte pour l'éducation au Pakistan

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Au Pakistan, le taux net de participation des filles à l'école secondaire se situe aux alentours de 28 % , conformément à l'évaluation faite par l'UNICEF. Dans les régions du nord du pays, la scolarisation des filles est interdite pour des motifs religieux, suite à une interprétation erronée de l'islam. De même, la pauvreté est un autre facteur qui contribue à l'abandon scolaire. Les enfants sont obligés d'entretenir leurs familles ; ils constituent 17% de la population pakistanaise qui travaille. La situation critique du Pakistan est devenue très connue, grâce à l'histoire de Malala Yousafzai, lauréate du Prix Nobel pour la paix, une jeune fille de 15 ans, originaire de la province du Swat, victime d'un attentat instrumentalisé par les talibans en 2012. Cette adolescente, devenue le symbole de la lutte pour l'éducation des filles au Pakistan et contre le fanatisme religieux, est grièvement blessée d'une balle dans la tête à la sortie de ses cours.

C'est à ce moment-là que la communauté internationale commence à remettre en question le problème de l'accès à l'éducation. Cet attentat terroriste visant à tuer une jeune fille qui exerce un de ses droits fondamentaux illustre la conception erronée fondée sur une inégalité du genre qui persiste dans le monde.

Exilée en Angleterre à cause du terrorisme présent dans son pays d'origine, Malala continue la lutte pour l'instruction des filles à travers ses discours émouvants. À seulement 16 ans, la jeune pakistanaise affirme devant l'Assemblé générale de l'ONU : « Nos livres et nos stylos sont nos armes les plus puissantes. Un enseignant, un livre, un stylo, peuvent changer le monde ». Aidée par son père, professeur et directeur d'école au Pakistan, Malala fonde « The Malala Fund », organisation très présente au niveau international. Parmi les plus importantes campagnes, on retrouve « Bring back our girls », initiée suite à l'enlèvement des lycéennes de Chibok (Nigeria) par les islamistes de Boko Haram en avril 2014, qui ont accusé les adolescentes d'avoir suivi un type d'enseignement trop occidental. Encore une fois, l'extrémisme religieux empêche l'exercice du droit à l'éducation. 

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Le cas de Malala n'est pas le seul exemple d'un destin exceptionnel. Grâce à ses pages Facebook et Instagram, nous sommes confronté aux histoires d'autres filles qui s'engagent dans cette lutte contre l'inégalité. Nazia, une jeune pakistanaise, n’avait que 5 ans quand son père l’a mariée à un homme bien plus âgé, en compensation d’un meurtre commis par son oncle. À 12 ans, elle est obligée d'abandonner l'école à cause du fait que ses parents n'ont plus d'argent pour l'entretenir. Après quelques années de silence, elle est déterminée à réclamer son droit à l'éducation, en affirmant qu'elle est « Stronger than poverty and fear », slogan qui a été adopté par des milliers de femmes se trouvant dans la même situation. Effectivement, cette phrase englobe le désir de faire de l'éducation et de l'émancipation des filles une véritable priorité au niveau mondial. « Chaque fille et chaque garçon a le pouvoir de changer le monde à condition que l'occasion lui en soit donnée »

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