Afghanistan : vers la reconstruction des Bouddhas géants ?

Maxime Le Pendeven
15 Juillet 2013



À l’occasion de recherches sur de nouvelles technologies 3D, des chercheurs ont découvert une technique qui permet de reconstituer virtuellement les très célèbres Bouddhas de Bamiyan, détruits par les talibans en 2001. Cette technique permet notamment d'évaluer le coût et la durée nécessaire à la reconstruction.


Crédit photo -- Agostini Picture Library/De Agostini/Getty Images
Crédit photo -- Agostini Picture Library/De Agostini/Getty Images
En mars 2001, dans la vallée de Bamiyan (site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO et situé à 230 km au nord-ouest de Kaboul), les talibans ont détruit deux magnifiques statues de Bouddha, vieilles de quinze siècles. Hautes de 53 et 35 mètres, les Bouddhas de Bamiyan étaient excavés au sein d’une falaise de la vallée.

Sculptées en haut-relief, dans la falaise de grès, les statues étaient de style Gandhara (ange entre les styles grecs et indo-bouddhistes, apparu sous l’empire Kouchan). Derrière elles, une cinquantaine de fresques millénaires représentent des scènes bouddhistes, très certainement réalisées par des moines ou des visiteurs de passage sur la route de la Soie. On sait aujourd'hui que la technique de la peinture à l'huile a été mise au point entre le XIVe et le XVe siècle. Ces peintures à l’huile sont donc les plus vieilles jamais découvertes. Fierté nationale, particulièrement pour les ethnies Hazaras et Pashtouns, les deux statues ont été dynamitées et pilonnées à l’artillerie durant des semaines par les talibans. Ces derniers interdisent toutes représentations humaines et n’ont donc pas hésité à détruire ce pan entier, symbole de l’Histoire, malgré les protestations de la communauté internationale, choquée par leur arrogance et leur manque de considération envers ces œuvres architecturales.

Après la destruction, le mollah Omar a déclaré être « fier de tous les talibans qui avaient participé à la destruction de cette horreur impie, synonyme d'une religion pour dégénérés ».
Au prix de beaucoup d’efforts, les Bouddhas pourraient être reconstruits. Les techniques actuelles pourraient effacer et corriger les dégats des talibans. Les milliers de morceaux pourraient être rassemblés.

Quels avis sur la reconstruction ?

La reconstruction paraît très difficile, mais est envisageable, même si elle ne fait pas partie des priorités de l’UNESCO, qui ne veut pas que le site se transforme en parc touristique. Architecture, peintures, habitats traditionnels, la région a énormément de richesses à conserver et à partager. L’UNESCO préfère donner la priorité à la sauvegarde de ce patrimoine et non pas à la reconstruction des Bouddhas, qui serait une très longue et coûteuse entreprise. De leur côté, les Afghans attendent avec impatience que les statues soient remises sur pied. La région dans laquelle elles se trouvaient est relativement épargnée par les violences. Une fois reconstruites, elles deviendraient un atout majeur pour le tourisme et aideraient la population locale à améliorer son quotidien.

Une équipe de l’École supérieure polytechnique, originaire de Rhénanie-Westphalie en Allemagne, teste actuellement une technologie 3D qui permet de reconstituer virtuellement chaque morceau, pour conclure sur l’apparence qu’auraient les statues après une éventuelle reconstruction. Le travail sera long et difficile. Il convient de faire concorder les caractéristiques des sédiments des morceaux avec celles des cavités où étaient, autrefois, les Bouddhas. Ainsi, les ingénieurs et architectes auront des données fiables sur l’emplacement original exact des statues. Il sera nécessaire par la suite de replacer chaque morceau et de les réassembler, ce qui sera extrêmement compliqué d’un point de vue technique. Et c’est cette faisabilité de la reconstruction, corrélée à son coût, qui fait débat au sein de la communauté scientifique internationale.

Aujourd’hui, le travail est davantage tourné vers la préservation des cavités, qui restent malgré tout un symbole de l'histoire afghane, soumise aux aléas climatiques, à la dégradation naturelle et à la main de l'homme.

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