Fin du lock-out: le consensus n'est plus de mise

2 Mai 2013



Le lock-out des professeurs danois a pris fin le vendredi 26 avril. Cependant, la solution négociée par le gouvernement ne satisfait personne, et les enseignants ont rappelé leur mécontentement durant les événements organisés pour le 1er mai.


Photo - Lauriane Clément
Photo - Lauriane Clément
« La situation est simple; il n'y a plus aucunes règles définies par nous », s'insurge Minna Riis, membre de FSL (Frie Skolers Laererforening). En effet, après quatre semaines de lock-out parsemées de manifestations et actions solidaires, le gouvernement danois a finalement décidé d'intervenir. Pour cela, une mesure législative d'urgence a été passée afin de régler la situation des professeurs danois. Depuis lundi dernier, toutes les écoles sont donc retournées à un fonctionnement à la normale. Loin d'être un consensus, ce décret est plutôt un véritable coup de force. Comme prévu avant le début du lock-out, ce seront à présent aux directeurs d'école de décider entièrement de l'emploi du temps de leurs professeurs. « Nous n'avons aucune idée du temps qui nous sera alloué pour préparer nos cours », surenchérit Søren Hansen, également membre de FSL. D'autre part, les professeurs devront donner en moyenne « deux ou trois leçons de plus par semaine », estime Alexander Lassithiotakis, membre du syndicat GL (Gymnasieskolernes Lærerforening). Enfin, s'il est vrai que le salaire des enseignants sera augmenté de 3000 DKK (soit 400 euros) par an, cela ne résout en rien le problème initial du temps de préparation des classes.

La possibilité d'un accord local

« Nous ne pouvons absolument rien faire », affirme Søren Hansen, dépité. Depuis que la mesure législative est passée, il n'y a plus aucun recours pour les syndicats. Minna Riis garde quant à elle un petit espoir: « la seule solution serait que l'on établisse un accord local entre les représentants des unions syndicales et les directeurs d'école », explique t-elle. Cet accord pourrait notamment définir plus précisément le nombre d'heures de travail et de préparation des cours des professeurs. « Mais pour cela, il faudrait obliger les directeurs d'école à accepter ces termes et organiser une grande solidarité entre les professeurs », complète Alexander Lassithiotakis. Selon lui, cet accord local ne pourra également pas revenir sur les anciennes règles qui régissaient le travail des enseignants, à cause de la question des coupes budgétaires et des heures supplémentaires.

Multiples réactions lors du 1er mai

Hier, comme à chaque 1er mai, un grand rassemblement était organisé dans le grand parc de Fælledparken à Copenhague. FSL, le grand syndicat des enseignants, y tenait un stand pour revendiquer son désaccord avec le gouvernement. Autocollants, tracts et T-shirt proclamaient « la coopération promeut la compréhension ». Cependant, les réactions ont été beaucoup moins pacifistes lorsque Frank Jensen, le maire social-démocrate de Copenhague, a essayé de prendre la parole sur la scène érigée à l'occasion. Tout le public s'est mis à le siffler et à lancer des slogans contre le gouvernement. Au vu des témoignages récoltés après l'évènement, jamais personne n'avait vu une telle réaction se produire. Les ripostes ont été les mêmes à Aarhus, la deuxième plus grande ville du pays. La première ministre, Helle Thorning-Schmidt, a été reçue par des huées lorsqu'elle a tenté de faire son discours.

Minna Riis conclut sur une note très pessimiste pour le Danemark: « quoi qu'il en soit, il est certain que ce gouvernement ne sera pas réélu. Mais le problème est qu'il n'y a personne d'autre ». Et Alexander Lassithiotakis de surenchérir: « nos conditions de travail seront très différentes dans les deux, cinq, dix prochaines année à venir. Comment pourrons-nous nous battre alors? ». La situation des professeurs danois semble bel et bien être dans l'impasse.

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Lauriane Clément
Ancienne correspondante à Copenhague, étudiante à Sciences Po Lyon, j'aime découvrir de nouvelles... En savoir plus sur cet auteur