Global Peace Index : état des lieux du pacifisme sur le continent américain

30 Juin 2016



Quel est l’état du monde en 2016 ? Le Global Peace Index, en fournissant un classement de 163 États en fonction de leur niveau de pacifisme et de violence, nous éclaire. Le Journal International examine de manière non-exhaustive les principales tendances, améliorations, tensions ou conflits s’opérant dans le monde à l’heure actuelle. Analyse.


Global Peace Index 2016 - Capture d'écran
Global Peace Index 2016 - Capture d'écran
Le Global Peace Index est un rapport annuel publié par l’Institut pour l’Économie et la Paix ayant pour objectif de classifier les pays en fonction de leur degré de pacifisme. En analysant la paix et en quantifiant sa valeur économique, ce groupe de réflexion souhaite démontrer que la paix est « positive, tangible et une mesure réalisable du bien-être humain et du développement ». Publié en juin 2016, le 10ème rapport Global Peace Index fournit un classement de 163 États couvrant 99,7 % de la population mondiale.

Le « niveau de paix global » est déterminé par trois principaux domaines : « le niveau de sureté et de sécurité d’une société » qui prend en compte des indicateurs tels que la criminalité, l’instabilité politique, le taux d’homicides ou encore de crimes violents. Est également mesuré le « niveau de conflit domestique et international ». Il se réfère au nombre et à l’intensité des conflits civils et internationaux en cours. « Le degré de militarisation » représente pour sa part la capacité militaire d’une nation et les ressources économiques qu’elle mobilise.

D’après le dernier rapport, le niveau de paix global s’est détérioré depuis 2015. Si en un an, 81 pays ont amélioré leur degré de pacifisme, 79 pays ont vu leur situation se dégrader plus radicalement. Les domaines « niveau de conflit » ainsi que « niveau de sûreté et de sécurité d’une société » sont dévalués par rapport à 2015 tandis que le « degré de militarisation » présente une légère amélioration. Le niveau de paix global présente d’importantes variations régionales et nationales qu’il convient d’analyser.

L'Amérique du Nord ne connaît pas de fortes variations

L’Amérique du Nord est la deuxième région pacifique mondiale et présente seulement de faible variations par rapport à 2015. Sous l’administration Obama, les États-Unis (103èmes) ont progressivement réduit leur engagement militaire à l’étranger, principalement en Afghanistan et en Irak. Cet aspect est toutefois à nuancer depuis l’engagement de l’armée américaine dans le conflit armé contre l’organisation de l’État islamique, qui se solde par une détérioration de son score en terme de « conflits extérieurs » et une détérioration des relations diplomatiques avec la Russie dans le contexte du conflit syrien. Des progrès diplomatiques sont toutefois à observer avec l’Iran, suite à l’accord multilatéral sur le nucléaire signé le 14 juillet 2015, et avec Cuba depuis le rapprochement historique initié par Obama dès décembre 2014.

Le Canada est un des pays les plus pacifiques du globe (8ème), ce qui influence indéniablement le positionnement de la région d'Amérique du Nord. Élu en octobre 2015, le gouvernement libéral de Justin Trudeau  a annoncé l’accueil de milliers de réfugiés syriens, une augmentation des dépenses humanitaires ainsi que le retrait des troupes canadiennes d’Irak et d’Afghanistan. Ces mesures ne manqueront pas de s’illustrer par une amélioration du classement du pays dans les prochaines années.

Des progrès timides en Amérique centrale et aux Caraïbes

Malgré des problèmes sécuritaires récurrents dans la région, son score s’est considérablement amélioré, détrônant ainsi la région Amérique du Sud de sa 4ème place, avec un score légèrement supérieur à la moyenne mondiale en 2016.

Les trois pays les plus pacifiques de la région sont, de nouveau, le Costa Rica (33ème), le Panama (49ème) et le Nicaragua (69ème). Ces pays ont un faible niveau de militarisation, à l’image du Costa Rica qui ne dispose pas de forces armées.

Le Mexique reste, quant à lui, le dernier pays de la région, classé 140ème au niveau mondial. Ce qui s’explique par une montée de la militarisation et de la présence des forces de sécurité dans le pays, ainsi que par l’augmentation du nombre de personnes déplacées suite aux conflits liés aux trafics de drogue. D’après le Global Peace Index 2016, les problèmes sécuritaires domestiques, qui s’illustrent principalement sous la forme de crimes, sont « le plus gros obstacle régional pour la paix ».

Peu de conflits internationaux, mais des problèmes de paix intérieure en Amérique du Sud

La région améliore légèrement son score par rapport à 2015, bénéficiant depuis plusieurs années d’un faible niveau de conflits internationaux et de militarisation qui se caractérise par des dépenses militaires relativement faibles.

Des combattantes FARC en Colombie. Crédit : Flickr - Silvia Andrea Moreno.
Des combattantes FARC en Colombie. Crédit : Flickr - Silvia Andrea Moreno.
En terme de « paix intérieure », la région se trouve en dessous de la moyenne mondiale avec notamment une augmentation des persécutions des dissidents politiques en Argentine et au Venezuela. Ce dernier présente l’instabilité politique la plus forte, participant activement à la détérioration de la place de la région au niveau mondial.

La Colombie, dernière au classement régional au 147ème rang, doit sa faible performance au conflit interne avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Apparu au milieu des années 1960, le conflit est à l’origine de centaines de milliers de morts, disparus ou déplacés. Un accord historique a été signé le 23 juin dernier à la Havane entre le gouvernement et la guérilla. Ce traité laisse présager une amélioration conséquente du score du pays dans les prochaines années, pouvant avoir un effet significatif sur le classement de la région elle-même.

État des lieux du pacifisme dans le monde


En 2016, l’état du monde s’est légèrement détérioré, confirmant une tendance entamée en 2015. Si plus de pays (81) ont observé une amélioration de leur niveau de pacifisme, la détérioration de la situation de 79 autres a été plus brutale. Étant donné l’augmentation de la présence et des actions de groupes terroristes, l’intensification des déplacements forcés de populations, à des échelles nationales ou internationales, et l’accroissement du nombre de conflits internes, cette tendance est amenée à continuer dans un futur proche.

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Mathilde L'Hôte
Etudiante en Master Paix, Conflit et Développement (Espagne), passionnée de relations... En savoir plus sur cet auteur