Inde : un bébé victime de combustion spontanée dans l'État du Tamil Nadu

Ramalingam Va, traduit par Aurélie Fagot
30 Août 2013



Dans l’État du Tamil Nadu, au sud de l’Inde, un nouveau-né aurait « pris feu ». Le petit garçon, né le 22 mai, a été admis à l’hôpital public. Rahul, 3 mois, a fait l’objet de différents diagnostics, car plusieurs rapports divergents ont été établis lors de ces derniers jours


Crédits photo -- Anupama Chandrasekaran
Crédits photo -- Anupama Chandrasekaran
Certains journaux ont relayé des soupçons de maltraitance tandis que d’autres ont défendu la thèse d’une rare maladie appelée combustion humaine spontanée.

Durant les premiers jours d’hospitalisation, les médecins ont établi des diagnostics en essayant de prouver cette hypothèse. Les tests réalisés ont cependant rendu l’affaire encore plus mystérieuse. Certains médecins pensent qu’il s’agit d’une présence infime de méthane sous la peau du nourrisson, qui se transforme en vapeur au contact de l’air et finit par s’embraser. Cependant, les rapports n’allèguent pas cette hypothèse et la plupart notent que l’enfant présente un comportement métabolique normal.

Les villageois ont, eux, une toute autre opinion sur le sujet. Avant l’admission à l’hôpital, les parents avaient déclaré que l’enfant avait mis le feu à leur maison avec les flammes émanant de son corps. Des voisins et des proches ont affirmé que l’enfant est possédé par le diable. En apprenant cela, les autorités locales ont pris les choses en main et ont assuré la sécurité du nourrisson. Celui-ci avait déjà été admis dans plusieurs hôpitaux avant d’être hospitalisé à Chennai, dans l’État du Tamil Nadu.

Combustion spontanée

Bien que de nombreuses personnes affirment qu’il s’agit d’un cas de combustion spontanée, il n’existe aucune preuve étayant cela. Les médecins ont prélevé des échantillons de sueur, de salive et de peau sur le nourrisson afin de réaliser une biopsie, mais le diagnostic ne semble pas concluant. Cependant, la théorie de la combustion spontanée pourrait expliquer cet état. Il s’agit d’un phénomène extrêmement rare lors duquel le corps humain se met à brûler sans qu’un agent externe ne l’ait embrasé. Seuls 200 cas ont été rapportés depuis le début des sciences médicales modernes, il y a plusieurs centaines d’années.

En 1980, Henry Thomas, un homme de 73 ans, a été retrouvé mort chez lui, en sud du Pays de Galles. Son corps était entièrement calciné alors que ses chaussettes et le bas de son pantalon étaient intacts. Un cas similaire a été déclaré en 2010 : Michael Faherty, 76 ans, a été retrouvé mort brûlé dans sa maison à Galway, en Irlande.

Sous surveillance constante

Rahul est maintenant sous surveillance accrue de la part des médecins et a subi plus de 30 tests, dont des analyses génétiques et un caryotype. Les résultats sont extrêmement surprenants et n’ont pas permis aux médecins d’établir un diagnostic précis sur l’état de Rahul.

Le nourrisson aurait déjà pris feu à quatre reprises et présente des brûlures sur le corps. Des chirurgiens plastiques travaillent en parallèle sur une greffe de peau. Ils affirment que si son affection est diagnostiquée comme étant réellement un cas de combustion spontanée, des soins particuliers devraient alors lui être apportés afin que le nourrisson ne soit pas exposé à des environnements très chauds. Ils ont ajouté qu’il devrait constamment vivre dans un endroit climatisé.

Combustion spontanée ou maltraitance ?

Plusieurs rapports indiquent une possible maltraitance, ce que même les autorités n’ont pas exclu. Un débat en a résulté pour savoir s’il s’agit d’une pathologie ou non, et une évaluation psychiatrique des parents est en cours pour le déterminer. « Il n’existe aucune preuve de maltraitance », a déclaré le Dr Narayana Babu, le chef du service de pédiatrie qui dirige l’équipe chargée du cas. « Nous étudions la possibilité d’un cas de combustion spontanée ». Il ajoute que cette pathologie « est plus que rare ». « Il a été prouvé scientifiquement que de l’air de combustion concentré excrété par le corps pouvait provoquer de tels épisodes. Chez les personnes âgées, un alcoolisme extrême peut en être un facteur ».
 
Rahul est maintenant traité à l’aide d’applications externes de pommade pour brûlures et est maintenu dans un environnement contrôlé. Les médecins ont ajouté que, si l’état de combustion spontanée est avéré, ils formeraient les parents à éviter les environnements propices à l’embrasement du nourrisson.

Une série de tests effectués sur le bébé n’a finalement pas été concluante, les rapports n’indiquant aucune cause susceptible de provoquer une combustion spontanée. Les rapports psychiatriques des parents sont actuellement établis afin d’enquêter sur de possibles actes de maltraitance. Un caryotype avait été effectué quelques jours plus tôt afin de détecter un éventuel défaut génétique qui aurait pu provoquer cette combustion : même ce test n’a pas fait la lumière sur l’état de santé du nourrisson. Ce dernier sortira de l’hôpital d’ici vendredi et tous les rapports relatifs transmis à la police pour une enquête approfondie.

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