LE PARTI LIBÉRAL DU QUÉBEC, GRAND GAGNANT DES ÉLECTIONS PROVINCIALES

Nahila Bendali, correspondante à Montréal, Québec
16 Avril 2014



Après un règne minoritaire de dix-huit mois pour le Parti québécois (PQ), les Québécois ont décidé d’élire Philippe Couillard et l’équipe du Parti libéral du Québec (PLQ) à la tête de la province. Lumière sur les conséquences de cette élection.


Crédit Mathieu Bélanger/Reuters
Crédit Mathieu Bélanger/Reuters
Défaite amère pour le PQ, parti souverainiste de la province : les troupes menées par la Première ministre sortante, Pauline Marois, ont réalisé l’un des pires scores de l’histoire du parti en obtenant 30 sièges sur les 125 vacants et 25,4% des voix. Le PQ formait un gouvernement minoritaire depuis septembre 2012, avec 54 sièges. Le scrutin du 7 avril a donné un large appui au PLQ. Les libéraux, avec Philippe Couillard à leur tête, ont remporté 70 des sièges vacants dont plusieurs au détriment du PQ. 

La campagne a rapidement pris une tournure référendaire lorsque Pierre-Karl Péladeau, actionnaire principal du groupe Québecor, une des plus importantes entreprises de médias au Canada, a joint les rangs du PQ en affirmant vouloir faire du Québec un pays. Les libéraux ont réussi à convaincre la population d’un possible troisième référendum sur la souveraineté de la province si les troupes péquistes venaient à remporter les élections. 20 ans après le dernier référendum, qui avait donné le camp du « non » gagnant à 50,6%, les citoyens ont rejeté en masse l’option souverainiste. Le projet péquiste de la Charte des valeurs, voulant interdire le port des signes religieux aux employés de l’État, n’a pas réussi à rallier les votes au Parti québécois. Le débat sur la Charte a grandement divisé la population durant les derniers mois, alors que plusieurs groupes ont dénoncé la constitutionnalité du projet de loi.  

M. Couillard a promis intégrité et transparence pour son gouvernement, alors que le parti a fréquemment été la cible d’allégations de corruption dans les dernières années. M. Couillard a souvent eu à se défendre lors de la campagne concernant ses liens avec Arthur Porter, accusé dans un scandale de pot-de-vin pour la construction du Centre universitaire de santé McGill. La Coalition avenir Québec, dirigé par François Legault, a réalisé un gain au niveau du nombre de siège (22 sièges contre 19 lors de la dissolution de l’Assemblée nationale), mais a baissé dans le pourcentage de vote général (23%, contrairement à 27% en 2012). Cette dissonance entre le pourcentage de votes et le nombre de sièges s’explique par le système électoral majoritaire, où le candidat ayant récolté le plus de votes dans une circonscription remporte le siège. Québec solidaire, parti de gauche et souverainiste, a réussi à élire un nouveau député à l’Assemblée nationale, portant leur nombre de sièges à trois. Le parti récolte 8% des votes. 

Le Parti québécois : et ensuite ?

Suite aux résultats catastrophiques du PQ et sa défaite dans sa circonscription, Mme Marois a démissionné de son poste de chef du parti. L’intérim sera assuré par Stéphane Bédard, ancien président du Conseil du trésor, en attendant l’élection d’un nouveau chef.
 

La course à la chefferie n’est pas pour maintenant. Le parti désire analyser sa défaite et recentrer son discours. Les prochaines élections ne sont pas avant octobre 2018, mais déjà, certains candidats clés sont pressentis pour briguer le poste. Sans rien confirmer, les discours partisans de Bernard Drainville (député, ancien ministre responsable des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne, chargé de piloter le projet de la Charte des valeurs), Jean-Francois Lisée (député, ancien ministre des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur) et Pierre-Karl Péladeau (député élu dans Saint-Jérôme) le soir des élections ont alimenté les rumeurs.  

Le parti sort ébranlé par les résultats du 7 avril. Plusieurs anciens ministres ont perdu leur siège. Selon les analystes, le projet souverainiste, article 1 dans la charte du parti, devra se réinventer pour regagner la confiance des électeurs. À l’interne, le PQ aura fort à faire pour s’identifier sur l’échiquier politique. Le parti, traditionnellement de centre-gauche, doit composer avec l’arrivée du candidat vedette, M. Péladeau, considéré comme symbole de la droite économique québécoise. 
 

L’économie, la bataille des libéraux

L’équipe libérale a concentré sa campagne sur l’économie, thème jugé le plus important par la population. Lors de la victoire, M. Couillard a réaffirmé que son mandat portera majoritairement sur l’économie et la création d’emplois.

Selon Influence Communication, firme de surveillance et d’analyse des médias dans la province, l’économie a été le thème dominant de la campagne. Lors de la campagne, les libéraux ont promis 250 000 emplois en cinq ans, une hausse des investissements dans les infrastructures des 7,5 milliards de dollars en cinq ans et l’atteinte du déficit zéro d’ici 2016. Le PLQ compte sur une croissance du PIB de 2,1%, alors que les économistes prévoient une hausse entre 1,7 et 1,9%.

Le nouveau gouvernement devra être rigoureux afin de redresser l’économie de la province. La dette grandissante, les dépenses importantes surtout dans le domaine de la santé et le vieillissement de la population sont des défis de taille devant les promesses économiques du nouveau gouvernement. Toujours selon Influence Communication, l’environnement, la famille, la santé, la pauvreté et les autochtones n’ont jamais généré aussi peu d’intérêt dans une campagne en dix ans.

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