La Grèce, dans l’Europe ?

Auriane Guiot
24 Mai 2015



La dette grecque s’est envolée depuis cinq ans jusqu’à devenir un fardeau pour l’Europe, au sens de certains experts. Avec l’arrivée du nouveau gouvernement d’Alexis Tsipras, la question de la sortie de la Grèce de la zone euro et de l’Europe se pose à nouveau.


Crédits DR
Crédits DR
La zone euro est actuellement composée de 19 membres, soit 19 États à la monnaie commune. Pour qu’un pays soit accepté dans cet ensemble international, il doit respecter les critères de convergence économique fixés par l’Union européenne : les critères de Maastricht autorisent un déficit public annuel égal au maximum à 3 % du PIB, et une dette publique ne dépassant pas 60 % du PIB. Reste à savoir maintenant si la Grèce respectait les critères lors de son entrée dans la zone euro.

En 1999, année de la création de la zone euro, la dette grecque était de 105 %, bien au-delà des 60 % imposés. Son déficit était de 1,8 %. La Commission européenne a publié un rapport signalant la convergence de l’économie grecque vers celle de la zone euro, ce qui explique l’entrée de ce pays dans la zone euro. Mais quelques années plus tard, le pays est au bord du défaut de paiement, c'est-à-dire dans l’incapacité de rembourser la totalité ou ne serait-ce qu'une partie de sa dette.

La situation actuelle

L’accord passé entre le FMI et la Grèce se terminait en février dernier. Mais avec l’arrivée d’Alexis Tsipras à la tête du gouvernement grec, le FMI s’est dit prêt à prolonger cet accord. De son côté, le nouveau Premier ministre a promis qu’il n’y aurait pas de confrontation et a tenu à assurer que la Grèce n’est pas en défaut de paiement et ne sortira pas de la zone euro.

Mais le 9 mars dernier, Yanis Varoufakis a défié l’Europe lors d’une réunion de l’Eurogroupe qui devait statuer sur l’obtention d’un délai de grâce. Le ministre a menacé d’organiser un référendum au sujet de la place de la Grèce en Europe en cas de refus des délais demandés par Athènes. Il a donc laissé entendre que la décision reviendrait au peuple grec afin de déterminer si la Grèce reste ou non dans l’Europe.

Si la Grèce quittait la zone euro ?

Si la Grèce sort de la zone euro et qu’elle reprend sa monnaie, la drachme, il lui faudrait alors faire face à une dette de 270 milliards d’euros, ce qui représente 330 % du PIB. Les conséquences économiques au niveau européen pourraient être importantes. Dans le cas où l’Europe accorde des conditions préférentielles à la Grèce, elle devra faire la même chose pour l’Espagne et l’Italie par exemple.

Plus handicapant encore pour la Grèce, son départ de la zone euro provoquerait une situation inconfortable vis-à-vis de son commerce extérieur, puisque le pays importe 75 % de ses carburants. Elle perdrait également une fois de plus la confiance des autres pays, alors que ses notes ont déjà été abaissées par les principales agences de notations.

L’Allemagne, première victime du potentiel départ de la Grèce ?

Selon une étude d’Eric Dor de l’Ieseg, la Bundesbank, la Banque centrale allemande, perdra des sommes considérables sur ses prêts à l’Eurosystème si la zone euro éclate. Les créances allemandes seraient mal en point car les nouvelles monnaies comme la drachme perdraient de la valeur par rapport à l’euro. Au cas où cela se produirait, la Bundesbank devrait être recapitalisée par l’Allemagne. Ainsi, cette opération se ferait aux frais du contribuable allemand et enflammerait la dette publique allemande.
 

Notez