Le Kazakhstan développe sa marine militaire

La rédaction de FranceKoul
2 Juillet 2013



Le Kazakhstan a mis à flot son nouveau navire militaire, l'Oral. Plus puissant, aux armements plus efficaces, il témoigne de la volonté du pays de se positionner sur le marché de la marine militaire. Et ce, alors même qu'il est enclavé à l'intérieur des terres. Décryptage de cette stratégie surprenante.


Mis à flot le 1er mai, l'Oral est le deuxième navire kazakhstanais de fabrication nationale. Selon le Ministère de la Défense kazakhstanais, il surpasserait son prédécesseur, « le Kazakhstan », tant en puissance qu'en fonctionnalités. Comme ce dernier, il s’agit d’une petite corvette ou d’un patrouilleur que l’on pourrait qualifier aussi de bâtiments d’appui-feu, la désignation officielle étant « navire d’artillerie et de missiles ». Lui aussi a été construit à Ouralsk au chantier naval Zénit appartenant à la grande compagnie nationale Kazakhstan Engineering.

Un équipement très moderne et de nouveaux systèmes d'armes ukrainiens

Il a fallu deux ans et 21,8 millions d'euros pour construire ce bâtiment long de 42 m, large de 8 et haut de 13,5, capable de naviguer en autonomie en mer pendant 10 jours et  d'affronter d'éventuelles tempêtes. Son déplacement est de 250 tonnes, sa vitesse maximale de 30 noeuds. La période d'exploitation opérationnelle du navire devrait être de 20 à 25 ans.

« Les systèmes de navigation et de communication équipant l'Oral font partie des plus modernes du monde » affirme le contre-amiral Jandarbek Janzakov. L'officier-navigateur Nurjan Asylbekov précise que « l'Oral est équipé de matériels d'aide à la navigation dernier cri reposant sur les systèmes électroniques Skipper et Furumo. Ils s'appuient sur un répétiteur, appareil mesurant la température de l'air, la direction et la force du vent ainsi que la pression atmosphérique, qui facilite l'exécution des tâches ». De plus, on peut voir sur le vidéoreportage de la chaîne Khabar que le navire est aussi doté d'un équipement radar moderne, de nombreuses caméras et matériels électroniques.

Concernant l'armement, on note des progrès notables par rapport à son prédécesseur : tout d'abord, l'Oral dispose d'un système de guidage automatique de tir de provenance ukrainienne, le Kaskad-250. L'artillerie classique repose sur un canon AK-306 de 30 mm. Mais la partie « missile » est plus intéressante, puisqu'elle se compose de deux systèmes reposant sur de la technologie de la firme ukrainienne Lutch . Le premier consiste en une tourelle SAM Arbalet-K, dotée d'un système dé détection thermique et télévisuel et tirant des missiles antiaériens 9K38 Igla ; le second est nommé Barrier-VK et tire des missiles antichars RK-2B à guidage laser. Il est dérivé du Barrier-V conçu pour moderniser les hélicoptères de combat Mi-24.

Pour former l'équipage de 30 officiers et matelots, « les meilleurs des meilleurs » ont été sélectionnés. Kairat Charchankulov, capitaine de l'Oral, affirme à ce sujet que « durant les deux années de construction du navire, l'équipage était présent et s'est approprié le bâtiment. Voilà pourquoi on peut dire qu'ils ont d'ores et déjà une excellente connaissance de sa structure, de son armement et de son matériel de navigation ». A noter qu'on trouve une femme parmi l'équipage, à un poste-clé, chargée des systèmes de communication.

De nouvelles commandes pour Zénit, tant civiles que militaires, sont attendues

L'Oral aura pour but principal de défendre les eaux kazakhs de la mer Caspienne, riches en hydrocarbures et abritant de nombreuses plates-formes pétrolières et îles artificielles dont il faut assurer la sécurité. La marine kazakhe recevra encore un nouveau navire de même type l'année prochaine, actuellement en construction à l'usine Zénit. Vyacheslav Valiev, directeur de ce chantier naval, a de plus déclaré que, suite à une modernisation des équipements de production, la fabrication de navires 2 à 3 fois plus gros (déplacement de 700 tonnes) serait possible en cas de commandes. Commandes qui devraient avoir bien lieu, selon le vice-ministre de la Défense Sergueï Gromov : « il y aura bien sûr des commandes, non seulement du Ministère de la Défense et du Service des gardes-frontières, mais aussi civiles [...] liées au développement de l'exploitation du pétrole offshore ».

On perçoit ainsi qu'au-delà de la mise en service d'un nouveau patrouilleur plus moderne se dessine pour la construction navale en mer Caspienne un véritable marché, sur lequel le Kazakhstan entend bien être à terme au moins autosuffisant grâce à une production domestique qui monte en puissance. Le fait que le Kazakhstan souhaite gonfler ses capacités militaires maritimes peut surprendre dans la mesure où il est le plus grand pays du monde sans accès à une mer ouverte. Cela est cependant révélateur de sa volonté d'assurer à tout prix la sécurité de ses ressources naturelles, au moment où le réchauffement du conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan est lourd de menace pour la stabilité autour de la mer Caspienne.

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