Le ministre, la marâtre, et le feuilleton de la loi électorale

Marilene Karam, correspondante au Liban
29 Décembre 2012



Depuis des mois, les parlementaires libanais discutent de la réforme électorale. Entre batailles partisanes et situation politique instable, le débat n’avance pas. A 6 mois des élections législatives, les Libanais ne se font pas d’illusions sur les changements électoraux à venir.


Le ministre, la marâtre, et le feuilleton de la loi électorale
2009 devait être la « Der des Ders ». La loi électorale en vigueur, relique du système électoral de 1960, ne satisfaisait plus aucun parti. Il fallait se mettre d’accord sur une nouvelle loi pour les élections législatives de 2013... Seulement, à 6 mois de ces élections, aucune négociation n’a encore abouti. 

Depuis l’assassinat dans un attentat à la voiture piégée de Wissam al-Hasan, chef des Forces de Sécurité Intérieure, le 19 octobre dernier, l’opposition boycotte toutes les sessions parlementaires. Elle espère faire tomber le gouvernement, qu’elle considère responsable de l’instabilité politique. De son côté, la majorité formée par le Hezbollah et son allié chrétien le général Aoun, affirme que la seule source d’instabilité est la paralysie du pouvoir législatif à un moment aussi crucial pour le pays. 

Près d’une dizaine de projets de loi sont en suspense. Le but est de réformer le système électoral dans son ensemble : abandonner le système majoritaire et plurinominal, assurer une représentation véritable à chaque communauté, réduire les fraudes dont le système actuel est devenu synonyme, et assurer des sièges aux femmes qui ne représentent actuellement que 3,24% à la Chambre des députés. C’est une réforme de fond, qui a pourtant de moins en moins de chances d’aboutir. 

Le CCER (Civil Campaign for Electoral Reform) qui fait campagne depuis 2006 pour l’adoption d’une loi électorale plus démocratique, a changé de stratégie. « Si le but ultime de la campagne reste le changement complet de la loi, pour 2013, nous n’espérons pas de grands rebondissements, » explique Rony al-Assad, coordinateur de la campagne. « Nous allons exiger des réformes qui ne dépendent pas de décisions législatives. Par exemple, le vote des Libanais à l’étranger fait partie de la loi depuis 2008, mais n’a pas été appliqué. Cette fois-ci, il doit l’être. Des mesures plus strictes doivent aussi garantir le secret du vote, la représentation égale des candidats dans les médias (déjà mentionnée dans la loi, ndlr), et un contrôle des finances des campagnes des candidats. » 

En attendant ces changements, le ministre de l’Intérieur et des municipalités, Marwan Charbel, dit « organiser les élections sous la loi de 1960, comme un  homme marié contre son gré à une femme vieille et laide ! »  

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