Les futures étoiles de la danse dévoilées à Lausanne

Diane Zeigler
8 Février 2014



Samedi 1er février, le théâtre de Beaulieu a accueilli la finale de la 42ème édition du Prix de Lausanne, compétition du plus célèbre concours annuel de danse classique. Retour sur cette compétition qui réunit les ténors de la danse et les jeunes futurs petits rats du monde entier.


Sae Maeda
Sae Maeda
Six jeunes danseurs ont été récompensés : les Japonais Haruo Niyama et Mikio Kato, la Japonaise Sae Maeda, l'Américaine Precious Adams, l'Espagnol David Fernando Navarro Yudes et le Français Garegin Pogossian. Ils obtiennent une bourse pour un an d'étude dans une des 61 écoles ou compagnies partenaires.

Un concours qui vise l’excellence

73 candidats, sélectionnés sur vidéo, ont participé au Grand Prix de Lausanne 2014, point de rencontre annuel pour le monde international de la danse au plus haut niveau. Cette année était placée sous le signe du Soleil Levant, notamment chez les filles : 16 participantes sur 45 venaient du Japon. Brésil, Australie, Chine, Corée du Sud, France, Etats-Unis et Italie sont les autres pays d'où proviennent ces jeunes ballerines.

Créé en 1973, le Prix de Lausanne n’a jamais perdu son objectif premier : celui de faire découvrir des danseurs exceptionnellement talentueux en leur permettant d’être vus par un jury composé de personnalités de la danse de renommée mondiale. Pionnier dans l’univers de la formation polyvalente des danseurs, le Prix de Lausanne se distingue par sa réputation d’éthique (tous les professeurs sont bénévoles), sa longévité et son niveau d’excellence inégalable. Du fait de sa visibilité internationale indéniable, tous les jeunes danseurs rêvent d’y participer.

« C’est la chance de ma vie ! »

Dans certains pays, comme au Japon, les écoles de danse de haut niveau sont nombreuses mais il n’existe pas de compagnies où les danseurs sont salariés. Les jeunes artistes doivent alors quitter leur pays pour devenir professionnels : le Prix de Lausanne est certainement le meilleur moyen d’y arriver.

Ainsi, Natsuka, une ballerine japonaise dont la mère et la grand-mère avaient fait de la danse classique est tombée dans cet univers dès son plus jeune âge. Elle n’a qu’un rêve : « Aller au Royal Ballet School à Londres ! ». Pour, Kana, son but est d’intégrer la Royal Winnipeg Ballet school au Canada : « Je sais que ce sera très difficile pour moi de rentrer au Japon si je deviens professionnelle, mais c’est ce que je veux faire et je me suis faite à cette idée ». Les jeunes filles travaillent inlassablement à gérer leur stress : toute l’année elles ont été formées pour cette compétition.

Tout au long de la semaine du 26 janvier au 1er février, les jeunes gens, entre 15 et 18 ans, ont participé à des cours de danse et bénéficié d'un coaching personnalisé pour préparer leurs solos. Ces élèves venus du monde entier n'ont qu'un rêve : briguer l'ultime récompense et repartir avec une bourse de formation pour rejoindre, pendant un an, les classes d'une prestigieuse école de danse, parmi les institutions partenaires.

Le maître mot : tout donner !

Le programme de la semaine était chargé : échauffements, leçons de danse et répétitions rythmèrent les journées. Accompagnés et soutenus par des professeurs de réputation internationale - Stefanie Arndt, Patrick Armand et Duncan Rownes -, les jeunes danseurs ont fait preuve de courage et d'acharnement.

Durant chaque cours, les candidats étaient évalués par le jury, composé cette année de Kathryn Bennetts, professeur, Alessandra Ferri, étoile invitée de Milan et lauréate du Grand Prix en 1980, Gigi Hyatt de la Hamburg ballett schule, Marylin Rowe de l'Australian Ballet School à Melbourne, Julio Bocca, étoile de l'American Ballet Theater, Pedro Carneiro de l'Escola de dança do Conservatorio Nacional de Lisbonne, Xu Gang, maître du Ballet national de Chine, lauréat du Prix en 1985, Christopher Powney, de la Royal Ballet School de Londres et sa présidente, Kay Mazzo, étoile du New York City Ballet.

Ceux-ci se concentrent essentiellement sur le talent, le physique, les aptitudes à se lancer, s'affirmer et réagir à la musique. Ils sont également sensibles à l'imagination et à la capacité à comprendre et reproduire les mouvements ; sans oublier la maîtrise technique et la coordination. Le Prix de Lausanne récompense le potentiel plutôt que le résultat. Selon la star mondiale du ballet, le Japonais Tetsua Kumakawa, membre du jury, les candidats doivent « réagir instantanément à la musique, la digérer pour pouvoir la communiquer à travers le mouvement et créer ainsi la passion ». Il ajoute aussi « lors de la variation finale en danse contemporaine, les danseurs sont appelés à devenir des philosophes très centrés sur eux-mêmes ».

un monde de plus en plus masculin ?

Haruo Niyama
Haruo Niyama
Le Prix de Lausanne voit incontestablement augmenter le nombre de candidats masculins. Kumakawa tente une explication : « depuis le légendaire danseur Nijinski, les danseurs ont suscité de l’attrait … mais je pense qu’en termes de beauté, il n’y a pas de différence entre les danseuses et les danseurs ». Et, lors de la finale, les garçons se sont montrés particulièrement athlétiques et dynamiques. Quant aux filles, elles ont déployé une beauté du style impressionnante et une expression profonde et émotionnelle.

Comme le disait très justement Jean Babliée, danseur et chorégraphe français décédé il y a deux semaines : « La danse, bien qu’éphémère et versatile, est le seul art qui, ne laissant aucun déchet sur la terre, hante certaines mémoires de souvenirs merveilleux ». Tel est surement le sentiment de tous ces jeunes danseurs talentueux qui ont eu l’opportunité de participer à cette aventure exceptionnelle ! La Danse comme art universel, fédérateur et intemporel : voici ce que le très prestigieux Prix de Lausanne célèbre depuis plus de 40 ans.

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