Malaisie : le gouvernement veut lutter contre la corruption

6 Octobre 2013



Le gouvernement malaisien démontre sa volonté de lutter contre la corruption, phénomène qui affecte toutes les couches de la société malaisienne. La déclaration récente du ministre Datuk Paul Low en témoigne en dénonçant la présence d'intermédiaires corrompus dans le secteur des affaires malaisien.


Datuk Paul Low | DR
Datuk Paul Low | DR
Le sénateur et ministre au département du Premier ministre Datuk Paul Low a déclaré ce lundi que le gouvernement allait prendre des mesures pour mettre un terme à la présence d'intermédiaires dans le secteur des affaires malais. Les intermédiaires commerciaux sont légion en Malaisie et entravent sérieusement l'efficacité de l'économie nationale alors qu'ils prélèvent des commissions éhontées sur les transactions et que leur plus-value n'est pas démontrée. Datuk Paul Low a ainsi déclaré que « les projets sélectionnés ayant une valeur supérieure à 500 millions de ringitts (ndlr : environs 118 millions d'euros) et à haut risque en terme de gouvernance seront sous le contrôle d'une équipe de supervision comprenant divers représentants, y compris la Commission Anti-corruption Malaisienne et l'Auditeur général. »

La corruption qui sévit au sein des affaires malaisienne n'est pas seulement favorisée par la présence courante de médiateurs, mais également par la circulation fréquente des individus entre le secteur public et privé. Comme le mentionne un rapport de l'organisation internationale Transparency International, « de telles conditions, connues sous l'expression de « porte tournante », permettent la participation active du gouvernement à l'économie, et les relations publiques/privées deviennent alors ambiguës. Le risque de corruption est élevé et la régulation des interactions publiques/privées est difficile, permettant dans le même temps à la corruption d'avoir lieu dans l'impunité. »

Datuk Paul Low est univoque : la présence d'intermédiaires malhonnêtes dans le secteur des affaires n'est qu'un exemple parmi d'autres de la corruption généralisée en Malaisie. « La corruption est pratiquée dans presque tous les domaines en Malaisie. Le secteur de la construction sera le premier à être considéré. » Le ministre Datuk Paul Low est chargé de garantir la transparence du gouvernement et de promouvoir des mesures visant à endiguer la corruption et le népotisme qui menacent aujourd'hui le pays. La tâche s'annonce rude. Aujourd'hui en Malaisie, n'importe quel citoyen peut échapper à une amende pour excès de vitesse sur la route en négociant un pot-de-vin avec la police. Neil, étudiant de 21 ans à Kuala Lumpur, le déplore : « Je pense que la corruption fait malheureusement partie de notre culture en Malaisie. Les histoires que l'on entend régulièrement à propos du népotisme politique et des policiers soudoyés le prouvent. En tant que Malaisien, c'est gênant que ces histoires aient un rôle à jouer dans la construction de l'image de notre société ». D'après un sondage publié par Transparency International en 2010, 48 % seulement des citoyens malaisiens déclaraient percevoir les efforts du gouvernement pour combattre la corruption, tandis que 46 % déclaraient ressentir une augmentation du niveau de corruption entre 2007 et 2010.

La volonté du gouvernement malaisien d'éradiquer la corruption dans le pays est pourtant bien réelle. Comme le relève Transparency International, des avancées positives sont notables, et le gouvernement malais a mené de nombreuses réformes ces dernières années. En 2010, le Whistlebower Protection Act est introduit afin d'encourager les dénonciateurs à révéler les cas de corruption et à leur garantir une protection. En 2011, une charte anti-corruption est établie par le gouvernement à destination des entreprises, comme moyen pour elles de démontrer leur soutien à la lutte contre la corruption. Cette année encore, le gouvernement a mis sur pied un vaste programme visant à clôturer tous les procès pour corruption en un an.

Un certain temps est nécessaire avant que les effets de ces réformes se fassent ressentir. D'après l'indice de corruption établi par Transparency International, la Malaisie enregistre aujourd'hui une moyenne de 49 sur 100, 100 indiquant un degré de corruption faible. Des progrès sont certes nécessaires, mais ce score place la Malaisie à la 54e position sur 176 pays en termes de transparence, et apparaît faible par comparaison aux pays voisins : en Thaïlande, l'indice de corruption et de 37/100, tandis que l'Indonésie affiche un indice de 32/100 seulement.

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