Malaisie : l'hygiène fait débat

10 Février 2014



Alors que les scandales d'empoisonnement par nourriture se multiplient et que les rats envahissent les zones urbaines, l'hygiène en Malaisie soulève des questionnements. Résidents comme touristes ne semblent pas particulièrement alarmés par cet environnement malsain. Le manque d'hygiène serait-il un faux débat en Malaisie ?


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La propreté semble être toujours autant un enjeu sérieux en Malaisie. Alors que la population de rats ne cesse de s'accroître dans les zones urbaines, plusieurs cas d'empoisonnement par nourriture ont également été reportés ces derniers mois dans la région de Kuala Lumpur. Récemment, cinq restaurants ont dû fermer leurs portes dans la capitale malaisienne pour ne pas avoir respecté des normes d'hygiènes suffisantes. Le maire de Petaling Jaya, dans la banlieue de Kuala Lumpur, a décidé de mettre fin au système de rémunération pour les personnes capturant des rongeurs. Cette annonce ravive le débat sur la propreté dans les villes du pays, et plus particulièrement dans les restaurants, dont l'hygiène est souvent plus que douteuse. Tandis que les scandales s'enchaînent, que le réseau des eaux usées est défaillant et que les déchets sont rarement traités correctement, l'insalubrité et le manque d'assainissement dans les villes malaisiennes fait l'objet d'un intense débat auprès des hommes politique.

Cependant, le phénomène ne semble pas préoccuper les premiers concernés. Les consommateurs et les résidents n’ont pas l’air alarmés par les conditions peu hygiéniques auxquelles ils sont régulièrement exposés. Malgré un environnement insalubre, les gens continuent de venir manger dans les food-courts à la propreté discutable. L'hygiène serait-elle une considération futile pour les Malaisiens ? Atan, un habitué de Yusoof dan Zakhir, un restaurant indien dans le quartier de Chinatown, n'ignore pas les risques alimentaires liés au manque de propreté dans les restaurants, mais demeure néanmoins indifférent aux rats et cafards que l'on voit régulièrement galoper autour du restaurant. « Tant que la nourriture est fraîche et ne me rend pas malade, je n'ai aucune raison de ne pas venir ici. »

Ignorer la saleté

Parce que la nourriture est peu chère, mais surtout parce qu'elle est souvent bonne, les gens préfèrent ignorer la saleté ambiante, et ce d'autant plus lorsqu'ils n'ont pas les moyens de manger dans des endroits plus distingués. Arrière-cours insalubres et restaurants crasseux sont légion en Malaisie, et apparaissent davantage comme une norme que comme une exception. L'exigence d'une propreté impeccable ne semble pas préoccuper les gens outre mesure, et ces derniers ne perçoivent pas toujours leur environnement comme particulièrement malpropre.

De leur côté, les propriétaires des restaurants insistent sur leur bonne foi. Uda, le propriétaire du restaurant Yusoof dan Zakhir, affirme fermement que les déchets sont collectés tous les jours. « Nous regroupons tous nos déchets dans un endroit, puis la nuit, les éboueurs viennent les collecter pour nous. Ils viennent absolument tous les jours ». Quant à Mohammad, serveur dans un bar touristique de Chinatown, il assure que les propriétaires et le personnel font le maximum pour maintenir le lieu aussi propre que possible. Il sourit avec insistance: « Nous faisons de notre mieux vous savez.»

Néanmoins, au-delà de la polémique actuelle, la Malaisie serait-elle un pays si sale ? A en croire Matt, touriste australien en visite dans la capitale malaisienne : « Kuala Lumpur est loin d'être une ville sale par rapport aux pays voisins ! Tôt le matin dans la rue, j'aperçois toujours des balayeurs qui nettoient dans la rue. » Eckart, un touriste danois qui vit aujourd'hui en Inde, hausse les épaules: « Kuala Lumpur est raisonnablement propre. Comparé à l'Inde, c'est même extrêmement propre ! Mais comparé à Singapour par exemple, où j'étais il y a quelques mois, le chemin est encore long, c'est sûr. »

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