Néonazis et cosaques : portrait du nationalisme russe

17 Mai 2013



La Russie d'aujourd'hui est toujours en quête d'identité. L'URSS a éclaté en morceaux, mais qu'en est-il de la Russie ? Pour asseoir la souveraineté d'une nouvelle société, certains peuples ont été incorporés de force à la Russie. Un trop-plein de disparités et d'oppositions qui a conduit à une montée fulgurante de l'ultranationalisme. La Russie, nouveau vivier du nazisme ?


Néonazis et cosaques : portrait du nationalisme russe
En Russie, les extrémistes défilent au grand jour. Lors de marches organisées par les partis nationalistes, les symboles proches de la croix gammée et des saluts nazis envahissent les rues. Ils se définissent comme de véritables combattants. Entraînements au combat et agressions xénophobes dans le métro rythment leur quotidien.

« Nous ne sommes pas des racistes, simplement des patriotes »

Le 4 novembre, Journée de l'Unité Nationale, est aussi la date anniversaire de la libération de la Russie envahie par les Polonais. Des milliers de nationalistes manifestent à l'occasion de la « Marche Russe ». Ils appellent à la démission de Vladimir Poutine et de son gouvernement qu'ils accusent de ne pas protéger les Russes. Leur rêve ? Une Russie 100 % russe, sans Juifs et sans Caucasiens, « les bronzés » comme ils les appellent.

Selon les chiffres officiels, il y aurait environ 150 groupes extrémistes en Russie. La poussée des mouvements néonazis est particulièrement inquiétante. Ils ne se cachent plus. La plupart, anciens skinheads, se disent lassés de cette image de voyou au crâne rasé, désormais regroupé autour d’un mouvement justifiant leur désir de porter une véritable idéologie. En 1999, l'organisation Slavianski Soyouz ( NDLR l'Union Slave, abrégé SS) voit le jour. Dirigée par Dimitri Mikhaïlov, l'Union Slave se réclame d'un mouvement néonazi, héritier d'Hitler.
Le second du parti est tout naturellement surnommé Himmler... Les jeunes ont un discours bien rodé. Si on les écoute, la solution pour la Russie serait une dictature nationale-socialiste.
Avoir une idéologie c'est bien, mais ils misent également sur des entraînements physiques, car oui, agresser un immigré, cela s'apprend. Les violences touchent particulièrement les personnes venant d'Asie centrale et du Caucase. Ils ne sont pas les bienvenus à Saint-Pétersbourg ou à Moscou, là où le coût de la vie a considérablement augmenté. Bon nombre de jeunes Russes n'arrivent pas à s'en sortir et ne se sentent pas aider par la société. Les groupuscules ultranationalistes apparaissent comme une solution d'extirpation.

Le nombre d'agressions d'étrangers est monté en flèche ces dernières années. Un rapport rédigé par le procureur général russe Iouri Tchaïka pour le Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement russe) recense le nombre d’agressions à caractère extrémiste et xénophobe. Les chiffres sont alarmants : 130 agressions en 2004 contre 690 en 2012.

Cosaques, le retour

Ce regain de nationalisme a remis d'anciennes coutumes au goût du jour. L'image étant plus qu'importante au sein du pouvoir russe, le président Poutine a décidé de prendre les choses en mains. En 2014, la Russie doit accueillir les Jeux olympiques d'hiver à Sotchi. La solution trouvée pour redorer l'image du pays ? Les Cosaques bien sûr ! Rien de mieux que de réhabiliter des mercenaires du 15e siècle pour nettoyer les villes des clandestins, SDF et autres voitures mal garées.

À Krasnodar, près de Sotchi, les nouveaux cosaques patrouillent aux côtés de la police. Les contrôles d'identité au faciès fusent. Armés de leurs uniformes et de leurs toques de fourrure hautes de 20 cm, les militaires de la steppe sont chargés de surveiller les « non-Russes ».
Déjà sous l'ère tsariste, ils étaient réputés pour leur antisémitisme. Ce n'est peut-être pas la bonne solution. Cependant, le retour de l'armée cosaque ne peut que plaire aux conservateurs et aux nationalistes et ça, Poutine l'a bien compris.

Néonazis et cosaques : portrait du nationalisme russe


Quand je serai grand, je serai patriote

L'an dernier, le dirigeant du Kremlin prévoyait de recruter jusqu'à 400 000 cosaques. Pour ce faire, les écoles de cadets cosaques ont refait surface. Les élèves sont âgés de 7 à 17 ans, tenues militaires et uniformes de défilé sont de rigueur. Ici, on enseigne des valeurs patriotiques et morales bien appuyées. Les écoliers ont le plaisir de voir « les commandements du Cosaque » affichés dans le hall d'entrée. Le ton est donné : « aime la Russie, car elle est ta mère et nul ne la remplacera » ou encore « Ceux qui marchent contre ta Patrie sont tes ennemis ».
D'après le directeur de cette école de Krasnodar, le plus important réside dans « l'éducation de l'âme puis du corps pour que le pays soit plus fort ». Ajouter à cela, un enseignement de morale religieuse ultra conservateur, les jeunes russes sont formatés pour servir la patrie comme à l'ancien temps.

Les effets de la guerre en Tchétchénie sont encore palpables dans tout le pays. Les Russes se sentent trahis et tentent par tous les moyens d'affirmer leur supériorité, légitimant cette citation de Staline : « La Russie est la plus remarquable de toutes les nations qui constituent l'Union soviétique. »

Notez