Park Geun-Hye, « La Dame de fer de Corée »

Axel Fix, correspondant à Séoul (Corée du Sud)
15 Janvier 2013



En décembre dernier, nous faisions un point sur la situation en Asie du Nord-Est et entre les trois acteurs principaux qui sont la Chine, le Japon et la Corée du Sud pour la domination de l’Asie. Cette semaine, nous allons mettre en avant le profil de l’actuelle et nouvelle présidente de la Corée du Sud : Park Geun-Hye.


Park Geun-Hye, « La Dame de fer de Corée »
Park Heun-Hye est la fille de Park Chung-Hee, qui a régné d’une main de fer sur la « République de Corée » pendant 18 ans, jusqu'à son assassinat en 1979.

Surnommée « la Dame de fer de Corée », elle vient d’être démocratiquement élue avec 51,6 % des voix. Elle devient la première femme à entrer à la Maison Bleue, le siège de la présidence, en battant le candidat de centre gauche assez peu charismatique, Moon Jae-in. Une victoire en demi-teinte, sur fond de forte abstention des 20 % de jeunes électeurs frustrés par l'abandon d'Ahn Cheol-soo dit le « le surdoué ». Né en 1962, ce médecin a occupé une chaire de doyen dans une faculté de médecine alors qu'il n'avait pas 30 ans et a mis au point un antivirus informatique en 1988.

Par-delà la nouvelle historique d’être la première femme à détenir le pouvoir en Corée du Sud, elle prend la tête de la quinzième puissance économique mondiale selon le classement 2011 du Fond Monétaire International (FMI), ce qui en fait une exception, dans une Asie où le pouvoir est surreprésenté par des hommes.

Alors que les risques de conflits dans le Nord-Est de l’Asie sont vifs avec le succès du lancement d’un missile de la part de Pyongyang quelques jours avant l’élection, elle s’est déclarée prête à se réconcilier avec le Japon. En effet, alors que le Japon vient tout juste d’élire de nouveau le conservateur et nationaliste Shinzo Abe, on aurait pu penser à une montée des tensions entre les deux pays. La source du conflit étant l’ancienne colonisation de la Corée du Sud par les Japonais et le problème des « Comfort woman », représentant une prostitution forcée de femmes et jeunes filles par l’armée de l’Empire du Japon. Ce fait marquant de l’histoire est encore très présent dans la société coréenne. Beaucoup de coréens considèrent le Japon comme un adversaire, un concurrent et pour certains, un ennemi.

Park Heun-Hye est très populaire auprès de l'électorat âgé et conservateur qui crédite son père du miracle économique sud-coréen après la guerre de Corée entre 1950 et 1953. Effectivement, la Corée du Sud est passé d’une économie en voie de développement à l’une des économies les plus dynamiques d’Asie et développées du monde.

Pendant la campagne, la « démocratisation économique » était le slogan entonné par tous les candidats qui promettaient de réduire la toute-puissance des grandes familles industrielles contrôlant les chaebols (conglomérats d'entreprises) comme Samsung et autre Hyundai.

Pour beaucoup, elle est considérée comme la mère de tous les Coréens : « Je n'ai pas de famille dont m'occuper et pas d'enfants à qui transmettre un héritage. Vous, le peuple, êtes ma famille et votre bonheur est la raison pour laquelle je reste en politique. »

« Comme une mère qui consacre sa vie à sa famille, je deviendrai la présidente qui prend soin des vies de chacun d'entre vous », une déclaration destinée à sa base électorale qui fait des devoirs domestiques et conjugaux de la femme un élément essentiel de la société sud-coréenne.

Dans le dernier classement du World Economic Forum, la Corée du Sud se situe à la triste 108ème place sur 135 pays étudiés concernant l’égalité homme/femme dans la société.

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