Pérou : qui sauvera la sélection nationale ?

Jessy Goffi, correspondant à Lima
31 Octobre 2013



Le 30 octobre dernier, Serge Markarián a officialisé son départ de la sélection péruvienne de football. L’Uruguayen laisse un grand vide au sein des blancs et rouges, en crise de résultats et de confiance. Le bateau cherche un capitaine. Courageux et travailleur... Tour d'horizon des candidats.


Crédits photo -- AP
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C'était un secret de polichinelle. Serge Markarián n'est plus le sélectionneur du Pérou. Il a profité de la veille d'Halloween pour officialiser la fin du cauchemar. Car ce qu'il a vécu avec la bande de Claudio Pizarro (star de l'équipe et du Bayern de Munich) ne peut pas être qualifié d'une autre manière. L'entraîneur uruguayen le reconnaît : « Les choses n'ont pas bien fonctionné, nous nous retirons avec beaucoup de peine. C’est un véritable échec qui nous attriste ». Échec, le mot est bien léger. Manuel Burga, le président de la Fédération Péruvienne de Football (FPF), a eu beau insister, Markarián souhaitait par-dessus tout rentrer chez lui.

Oublier ainsi la septième place aux éliminatoires du Mondial 2014 et les neuf matchs perdus sur les 16 joués. Une défense passoire et un collectif peu inspiré. Comme depuis 1982, il faudra encore oublier l’absence de l’équipe nationale au Mondial. Ajouter à cela un désamour total venant de supporters pourtant fidèles. Markarián a terminé sur les rotules avec une équipe B lors du dernier match de sa carrière péruvienne contre la Bolivie (1-1). Pressé d'en finir et de laisser un banc vide...

Pérou, un avenir incertain

« Je désire le meilleur à mon successeur et qu'il corrige tout ce qu'il y a à corriger. Il devra aller de l'avant afin de qualifier la sélection pour le Mondial ». Tels furent les derniers mots désabusés de Serge Markarián lorsqu'il a quitté Lima pour Montevideo (Uruguay). Il faudra en effet beaucoup de courage à l'homme qui reprendra les rênes d'une équipe divisée entre deux générations avec un Pizarro, vieillissant mais pas pressé de partir et un Paola Guerrero dont les résultats déçoivent fréquemment. Les vieux « quatre Fantastiques » (Pizarro, Guerrero, Vargas, Farfán) squattent le rectangle vert et ne permettent pas aux jeunes pouces de s'épanouir. Voilà pourtant ce que devra établir le successeur culotté de Markarián afin de qualifier la sélection pour le Mondial de 2018 en Russie. Cinq ans... ce ne sera pas de trop lorsque l'on voit la quantité de travail qui l'attend. La question est maintenant de savoir qui voudra accepter une mission de cet acabit, le tout dans une ambiance tendue.

L'impopulaire fédération dirigée par Manuel Burga a retenu huit noms. Daniel Ahmed, proche de la sélection mais aussi du Sporting Cristal (Pérou), Roberto Mosquera, vivement recommandé par Markarián, Fredy Garcia, entraîneur en pleine montée avec le Real Garcilaso (Pérou), Ricardo Gareca, en vogue après son travail avec Velez Sarsfield (Argentine), Marcelo Bielsa, Juan Reynoso, qui avait refusé la sélection avant que Markarián ne la prenne, Hernán Gómez et enfin Pablo Bengoechea, qui fut assistant de Serge Markarián.

Des supporters à conquérir

Du côté de la fédération, on insiste et on espère que Markarián puisse revenir. Les experts du football péruvien regrettent véritablement son départ. Il va pourtant falloir se faire une raison et tourner la page. Les grandes instances semblent avoir les yeux voilés et ne souhaitent pas se remettre en cause. Car qualifier une équipe pour un Mondial, c'est une bonne chose, réussir à le faire sur du court terme, c’en est une autre. Pérenniser les résultats et établir un véritable style de jeu avec une équipe cohérente, c'est encore mieux.

Avouons-le, ce n'est pas donné à tout le monde de pouvoir réaliser cela. Surtout lorsque le public, qui ne demande qu'à s'unir et à s'enflammer autour d'une sélection compétitive, s'impatiente face à des joueurs peu séduisants et dépassés par les meilleures attaques d'Amérique du sud. On est en droit d'espérer une certaine continuité avec la vision de Markarián après l'analyse des huit noms fournis par Manuel Burga. Plus qu'un changement de sélectionneur, les autorités du football péruvien vont devoir opérer une mini-révolution au risque de manquer un autre mondial. Et pour des supporters, 31 ans de disette, c'est déjà trop long...


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