Rafael Correa dans la ligne de mire de la CIA 

18 Décembre 2012



En octobre dernier, le président de l'Équateur Rafael Correa a dénoncé le projet de la CIA de contribuer à déstabiliser son régime, pour assurer sa non-réélection en février prochain, suite aux révélations d’un journaliste chilien. Un scénario digne de la guerre froide qui intervient peu avant les prochaines élections présidentielles de 2013, où Correa sera candidat à sa propre succession.


Hillary Clinton et Rafael Correa
Hillary Clinton et Rafael Correa
Entre Julian Assange réfugié à l’ambassade équatorienne de Londres et la rumeur de l’exil potentiel de Bachar el-Assad à Quito, cette nouvelle est passée inaperçue. Pourtant, l’information a été reprise dans les grands médias d'Amérique du Sud. Le journaliste chilien Patricio Mery a mis au jour en octobre dernier une affaire reliant la Central Intelligence Agency (CIA) à des activités de narcotrafiquants à la frontière boliviano-chilienne. De la cocaïne serait en effet envoyée depuis plusieurs années de la Bolivie vers son voisin, grâce à l’implication de la police chilienne et même de l’actuel ministre de la défense. Le journaliste aurait ensuite découvert, grâce à une source (restée anonyme) des services de renseignement chiliens, que l’argent dégagé servirait à la CIA pour financer des activités en Equateur, afin de déstabiliser le régime de Correa, dans le collimateur des Etats-Unis. Le président Correa a dénoncé ces activités, et a ajouté que l’ex-ambassadeur britannique Craig Murray avait également fait part du dessein de l’Oncle Sam de mener à bien une campagne contre sa réélection, notamment en finançant l’opposition et les médias (on note une augmentation de 7% pour 2013 des fonds dédiés à l’Equateur dans le budget de l’aide étrangère américaine).

On appelle cette affaire «nouvel Irangate» en référence au financement des Contras nicaraguayens dans les années 1980 (guérilleros formés aux Etats-Unis dans le but de faire tomber le régime révolutionnaire sandiniste) par des ventes d’armes à l’Iran par les Etats-Unis.

Aux sources de la CIA

Rafael Correa dans la ligne de mire de la CIA 
La CIA a un lourd passé en Amérique latine. De la défense du régime de Batista à Cuba à la formation des guérilleros anti-révolutionnaires en Amérique centrale, les Etats-Unis ont mené une partie du conflit contre les Soviétiques sur le continent sud-américain. Avant cela, la doctrine Monroe de 1823, du nom du président James Monroe, annonçait un prélude à ce qui sera considéré comme le pré-carré de l’action extérieure des Etats-Unis sur tout le continent américain. Le texte énonçait les grands axes de la politique étrangère, en premier lieu la défense du territoire contre les Européens, qui a inspiré les politiques des XIXème et XXème siècles du pays.

Un article du journaliste canadien Jean-Guy Allard paru dans Granma, le journal du Parti communiste cubain, dénonçait déjà en 2010 l’utilisation de l’ONG Human Rights Foundation (HRF), comme fenêtre ouverte de la CIA sur l’Amérique latine. Une ONG qui servirait de vitrine pour surveiller le Venezuela, la Bolivie et l’Equateur, tous trois dirigés par des gouvernements de gauche. Un représentant de cette même ONG en Bolivie, Hugo Acha Melgar, est soupçonné d’être l’un des organisateurs de la tentative d’assassinat sur Evo Morales (président bolivien depuis 2006) en 2009.

En ce qui concerne l'Équateur, et malgré la volonté des États-Unis de voir un candidat pro-américain élu à la tête du pays aux prochaines présidentielles, le président Correa a de fortes chances d’être réélu, bénéficiant actuellement d’une cote de popularité de 60%.

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Laura-Lise Reymond
Ex-responsable du pôle traduction et rédactrice à ses heures perdues. En savoir plus sur cet auteur