Robert Pruett, 500e condamné à mort au Texas

Erwan Morice
20 Mai 2013



Aux Etats-Unis, le Texas est champion des mises à mort. En 12 ans, 253 exécutions y ont été prononcées. Au mois de juillet, Robert Pruett sera le 500e prisonnier à subir la peine capitale dans cet Etat.


Robert Pruett, 500e condamné à mort au Texas
L’exécution de Robert Pruett devait avoir lieu mardi 21 mai. Mais il y a quelques jours, le tribunal texan a accepté de repousser la date de l’exécution suite à une requête de la part du condamné, qui a réclamé un test ADN. La justice remet  ainsi la sentence au mois de juillet, le temps de procéder à de nouvelles expertises.

Une vie derrière les barreaux

Ces 17 dernières années, Robert Pruett les a passées dans la prison McConnell, dans le comté de Bee, au Texas. Jugé une première fois à l’âge de 16 ans pour complicité de meurtre, il est condamné à 99 années d’emprisonnement. En 2002, alors qu’il purge sa peine, le jeune homme est accusé d’un second homicide : avoir poignardé à mort Daniel Dagle, son gardien de cellule. Un chef d’accusation qui, cette fois-ci, le fera condamner à la peine capitale.

Aujourd’hui âgé de 33 ans, Robert Pruett continue de clamer son innocence, notamment à travers son site Internet, qu’il tient à la façon d’un journal. L’auteur y poste photos et articles dans lesquels il raconte son histoire. Depuis sa condamnation il y a douze ans, Robert Pruett se pose lui-même en victime. Il déclare : « j’ai été une personne facile à accuser ». Et use ainsi du même argument que les abolitionnistes : l’erreur judiciaire.

12 exécutions aux Etats-Unis depuis janvier 2013, la moitié au Texas

Les Etats-Unis font partie des cinq pays pratiquant le plus grand nombre d’exécutions – avec la Chine, l’Iran, l’Irak et l’Arabie Saoudite. Opposés à la peine de mort, les abolitionnistes continuent de dénoncer une pratique « dépassée » et « contraire aux droits de l’Homme ». Depuis 1973, l’erreur judiciaire est ainsi l’argument qui a permis, de faire gracier 143 détenus américains dont la culpabilité avait été remise en cause.

Depuis son rétablissement en 1976 face à une recrudescence de criminalité, la peine capitale divise la société américaine. Légale dans 33 Etats, elle est cependant moins pratiquée qu’à ses débuts.  A l’exception du Texas, où le rythme des exécutions s’est accéléré après l’élection en 2000 du gouverneur républicain Rick Perry – qui est aussi l’ancien candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle américaine de 2012. Amnesty International dénonce ainsi « l’enthousiasme anachronique pour le meurtre d’Etat ». Sur 43 exécutions en 2011, un tiers ont eu lieu dans l’Etat du Texas. Cette année, la moitié des condamnations américaines se sont déroulées dans l’Etat de Rick Perry.
Robert Pruett, 500e condamné à mort au Texas

Aux Etats-Unis, 18 Etats ont aboli la peine de mort

Les Etats qui procèdent à ces exécutions sont cependant moins nombreux aujourd'hui : 13 en 2011, ils n’étaient plus que 9 l’année suivante. Après le Connecticut, le Maryland est devenu le 2 mai dernier le 18ème Etat abolitionniste. Les citoyens californiens se sont aussi massivement prononcés contre la peine de mort par référendum, mais de manière insuffisante pour en permettre l’abolition.

Amnesty International, qui lutte contre la peine capitale sur tous les continents, a salué ces évolutions. L’ONG se félicite dans un article d’une « tendance mondiale à l’abolition de la peine de mort ». Chiffres à l’appui : l’an dernier, 21 pays ont procédé à des exécutions contre 28 en 2003. Malgré tout, 682 personnes ont été mises à mort en 2012 dans le monde. Derrière Robert Pruett, la liste d’attente est encore longue.

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