Roumanie : Alina Bica, figure d’un gouvernement corrompu

Manon Béghain, correspondante à Bucarest, Roumanie
19 Décembre 2014



Le 21 novembre dernier, Alina Bica, chef du département de la lutte contre le crime organisé et le terrorisme, a été mise en examen, soupçonnée d’être impliquée dans une affaire de corruption. Lumière sur ce qui aurait coûté quelque 62,5 millions d'euros de préjudice à l’État roumain.


Crédit DR
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Depuis son entrée dans l’Union européenne en 2007, l’État roumain parle de la corruption et du crime organisé comme de l’une de ses principales préoccupations. Mais comment lutter contre ce fléau quand les principaux responsables sont les dignes représentants de l’État lui-même ? 

Appuyée par l’Union européenne depuis 2005 , la Direction nationale anticorruption (DNA), présidée par Laura Kövesi, secoue l’échiquier politique en révélant de nombreuses affaires de corruption et lutte pour instaurer une politique bien plus transparente à l’égard du peuple roumain. Parmi les arrestations les plus médiatisées : en 2012, Adrian Nastase, Premier ministre socialiste entre 2000 et 2004, a été condamné à deux ans de prison ferme pour corruption. 

Le 30 septembre dernier, neuf anciens ministres ont été accusés d’avoir reçu des pots-de-vin en achetant à Microsoft des logiciels, cinq fois plus cher que les prix du marché. 

Le 21 octobre, le porte-parole de Victor Ponta, candidat socialiste aux dernières élections présidentielles, fut convoqué par les procureurs de la DNA, accusé d’avoir fait pression sur le ministère de la Justice afin de faire passer un projet de loi destiné à amnistier plusieurs politiques en prison pour corruption. 

C’est au milieu de toutes ces affaires, mais au lendemain d’une élection pleine d’espoir pour la lutte anticorruption que l’affaire Alina Bica explose. 

Une affaire qui dérange

Le 21 novembre, cinq jours après la victoire de Klaus Iohannis lors des présidentielles, alors que celui-ci avait fait de cette lutte contre la corruption l’une de ses priorités de campagne, une première affaire bouleverse la classe politique : Alina Bica, ni plus ni moins chef du département de la lutte contre le crime organisé et le terrorisme, procureur et ex-secrétaire d’Etat, a été mise en examen. 

Soupçonnée d’avoir causé une perte de 62 millions d’euros à l’État roumain, son nom est l’un des plus cités dans cette affaire, du fait de ses fonctions au sein du gouvernement. Mais elle n’est pas la seule à être impliquée : quatre autres hommes politiques, sont eux aussi mêlés à cette affaire.

L’affaire remonte à 2011, Bica, Alexandru, Bogdan, Diacomatu et Attila sont alors membres de la commission nationale pour la restitution des propriétés saisies par l’ancien régime communiste. 

Stelian Gheorghe, homme d’affaires dans l’immobilier, réclame une compensation pour un terrain de 13 hectares situé dans le quartier Plumbuita à Bucarest. Les membres de la commission font alors appel à Emil Nutiu, expert immobilier, pour estimer la valeur du bien. La justice affirme que le montant établi par ce dernier, qui est de 85 millions d’euros, s’est révélé être beaucoup plus important que la valeur réelle du bien, 25 millions d’euros. Cette estimation entraînant une perte de 62 millions d’euros pour l’État roumain. Les membres de la commission sont accusés d’avoir fermé les yeux sur ce montant en toute connaissance de cause dans le but de recevoir une compensation financière. 

Iohannis, l'espoir d’un peuple désabusé

Néanmoins, cette affaire est loin d'être finie: de nombreux hommes politiques tombent chaque semaine. Si la corruption était monnaie courante en Roumanie, l’élection de Klaus Iohannis est un véritable espoir pour le peuple roumain. Lors de sa campagne, le nouveau président déclarait : « Je suis le seul candidat encore en lice qui est prêt à vous garantir justice, indépendance, et État de droit. »

Les Roumains attendent beaucoup de leur nouveau président, qui doit encore faire ses preuves et changer la politique corrompue d’une Roumanie qui évolue à tout point de vue.

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