Royaume-Uni : les élections approchent

Juliette Perrot, correspondante à Londres
7 Avril 2015



L’échéance approche à grands pas. Le 7 mai prochain, les Britanniques éliront leur nouveau parlement. David Cameron a officiellement donné la démission de son gouvernement, et deux débats télévisés ont déjà eu lieu. Retour sur les premiers temps forts de la course au 10 Downing Street.


Crédit Ken McKay / AFP
Crédit Ken McKay / AFP
Ils sont sept à vouloir peser dans le prochain gouvernement au pouvoir. David Cameron, actuel Premier ministre et leader du parti conservateur ; Ed Miliband, chef du parti travailliste et figure de l’opposition ; Nick Clegg, leader du parti libéral-démocrate qui participe à l’actuelle coalition au pouvoir ; Nigel Farage, chef du parti pour l’indépendance au Royaume-Uni, l'UKIP, parti xénophobe et anti-européen ; Nicola Surgeon, leader du parti national indépendantiste écossais, le SNP ; Natalie Bennett, chef de file des écologistes ; et enfin Leanne Wood, leader du parti nationaliste gallois. La bataille pour accéder au 10 Downing Street s'annonce serrée par les récents sondages.

Du bipartisme au multipartisme

Pays habitué au bipartisme, le Royaume-Uni fait aujourd’hui face à l’émergence d’autres forces politiques qui menacent de faire basculer cet équilibre. Trois "petits" partis sont particulièrement concernés : l’UKIP, les Verts et le parti indépendantiste écossais (SNP). Selon de récents sondages, 1 électeur sur 4 s’apprêterait ainsi à voter pour l’un de ces trois partis, contre 1 sur 6 en 2010. Parmi ces derniers, le SNP pourrait peser lourd dans la balance. Le parti indépendantiste écossais peut en effet prétendre remporter jusqu’à quarante sièges au sein du nouveau parlement, contre 6 actuellement. Le SNP deviendrait dès lors la troisième force politique à Westminster, ce qui lui donnerait un poids politique considérable.

Cette montée en puissance des "petits" partis s’est confirmée lors du débat télévisé organisé le 2 avril sur la chaîne ITV. À cette occasion, David Cameron, Ed Miliband et Nick Clegg ont dû faire face aux critiques de leurs opposants respectifs. David Cameron a été attaqué sur sa politique d’austérité, Nick Clegg sur sa promesse non tenue de ne pas augmenter les frais de scolarité, et Ed Miliband sur le bilan économique des travaillistes en 2010. 

Une campagne menée à l’anglo-saxonne

Les débats télévisés entre candidats prennent la forme de véritables shows au Royaume-Uni. À l’occasion du premier débat, qui s’est tenu le 26 mars entre David Cameron et Ed Miliband, des spots publicitaires sont ainsi passés en boucle sur les chaînes de télévision. Ces derniers annonçaient « la bataille pour le 10 Downing Street », à coup d’images et de formules accrocheuses :


Autre particularité des campagnes menées outre-Manche : la façon dont se déroule les débats. Le 2 avril, les « David », « Nick » et « Ed » ont ainsi été de mise entre les candidats. Côté journalistes, certains n’ont pas hésité à poser des questions dérangeantes aux candidats assis en face d’eux. Lors de la première soirée électorale du 26 mars, le présentateur Jeremy Paxman a ainsi attaqué de front David Cameron en le prenant à défaut sur le nombre de banques alimentaires présentes dans le pays. Ed Miliband n’a pas non plus été épargné, le journaliste rappelant que certains Britanniques ne le considèrent pas assez « coriace » pour diriger le pays. Les spectateurs présents sur le plateau n’ont pas davantage ménagé les candidats, demandant par exemple à Ed Miliband la raison de « cet air maussade » qu’il « affiche en permanence ».

Au Royaume-Uni, les soirées électorales prennent ainsi parfois l’allure de shows à l’américaine. Les présentateurs s’ingénient à piéger leurs interlocuteurs, tandis que les candidats essaient de conquérir leur auditoire par des traits d’humour. 

Quelle place pour l’opposition dans la campagne ?

David Cameron a été élu pour la première fois en 2010. Le Premier ministre conservateur avait alors formé une coalition avec le parti libéral-démocrate, mené par Nick Clegg. Le bilan de la coalition, notamment en matière de santé publique, d’éducation et de creusement des inégalités, laisse aujourd’hui une belle marge de manœuvre au leader du parti travailliste Ed Miliband. C’était cependant sans compter sur le problème d’image dont souffre le candidat, et dont il a du mal à se défaire.

Jugé peu charismatique, Ed Miliband est régulièrement moqué pour son allure et ses mimiques. Il fait l’objet de nombreuses caricatures, qui pour beaucoup soulignent sa ressemblance avec l’un des personnages du dessin animé Wallace et Gromit. 

Dans les films d’animation de Nick Park, Wallace est un inventeur tête-en-l’air dont les inventions ne fonctionnent pas toujours comme prévu. Cette image de perdant colle à la peau d’Ed Miliband, qui essaie de s’en défaire pour mettre toutes les chances de son côté en vue des élections. À noter que le candidat s’en sort plutôt bien pour l’instant, plusieurs sondages l’ayant annoncé au coude-à-coude avec David Cameron et Nigel Farage à l’issue du dernier débat.

Ed Miliband fait par ailleurs régulièrement l’objet de questions concernant son frère David, ancien ministre des Affaires étrangères qui avait été pressenti pour devenir le leader du parti travailliste en 2010. Battu de justesse par son petit frère, David Miliband est resté pour certains sympathisants celui qui aurait été le plus à même de se lancer dans la bataille pour le 10 Downing Street. 

À un mois du scrutin, la campagne pour les élections britanniques est rythmée par les incertitudes. Un troisième débat aura lieu le 16 avril prochain entre les candidats, en l’absence de Nick Clegg et David Cameron. Le Premier ministre a refusé de participer à tout autre débat passé celui du 2 avril, jugeant le scrutin trop proche. Les derniers sondages prédisent pour l’instant un résultat très serré entre les conservateurs et les travaillistes, ce qui augure d’une alliance avec l’un des "petits" partis dans le but de former une coalition. 

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