Slovaquie : Bažant Pohoda, la sensation culturelle de l’année

Kristina Chvilova
1 Août 2013



Du 11 au 14 juillet 2013, a eu lieu la 17e édition du « Bažant Pohoda », le plus grand open-air festival de Slovaquie, sur les pistes de l'aéroport de Trenčín. Chaque année, celui-ci accueille environ 35 000 visiteurs, attirés non seulement par les performances musicales, mais surtout, par une atmosphère hors du commun.


Crédits photo -- Martina Mlčúchová
Crédits photo -- Martina Mlčúchová
Créé en 1997, le festival Pohoda ne durait, à l’origine, qu’une seule journée. Progressivement, les festivités ont évolué pour devenir l’évènement multiculturel le plus influent de Slovaquie. Connu à travers l’Europe, notamment pour sa programmation de qualité et sa dimension éducative, le Pohoda offre à ses festivaliers une atmosphère détendue, et une ambiance le plus souvent qualifiée de « magique ».

En 2012, CNN a classé Pohoda comme étant l’un des 50 meilleurs festival, rien de moins. Chaque année, les headliners du monde entier viennent sur les pistes de l'aéroport de Trenčín, dans l'unique but de satisfaire les amateurs de musique alternative. Ces derniers sont de plus en plus appréciés par la jeunesse slovaque.

Cette année, Pohoda a offert plus de 129 concerts. Dans son histoire, le Pohoda a accueilli de nombreuses têtes d'affiche de la scène musicale alternative internationale. Portishead, The XX, Moby ou encore Travis se sont produits, et ce pour le plus grand plaisir du public de plus en plus nombreux d'année en année. Pour cette édition, les pistes ont vu atterrir le mythique groupe américain The Smashing Pumpkins. Ont également enflamés les tarmacs Thom Yorke (chanteur de Radiohead) et son groupe Atoms for Peace, Buena Vista Social Club et leurs rythmes cubains, ainsi que la légende du rock alternatif australien, Nick Cave and The Bad Seeds.

Discussions, théâtre, cinéma, workshops

Bažant Pohoda, c'est un événement pour profiter, non seulement de la musique, mais aussi de pléthore d'activés culturelles, 250 en tout, et, de différentes invitations aux débats et à la discussion. Plus insolite encore, le festival est également apprécié pour la proximité avec les personnalités les plus connues de la vie politique et intellectuelle slovaque. Le fondateur et directeur du Pohoda Michal Kaščák, nous confit, que Pohoda 2013 a offert un nombre record d'ateliers et d'autres animations très variées — les joies des conférences participatives et des échanges festifs. Beaucoup de célébrités sont venues partager leurs idées, y compris l'ancienne Première ministre Iveta Radičová. L'on a pu aussi y apercevoir, Karel Schwarzenberg, actuel Ministre des Affaires étrangères tchèque, ou encore Tom Nicholson, journaliste et ancien rédacteur en chef de The Slovak Spectator.

Plus surprenant, l’ancien archevêque Róbert Bezák, destitué de son poste par le Pape dans des circonstances controversées, a répondu présent au rendez-vous. Il n’a pas manqué d’annoncer, en plein festival, qu'il allait probablement quitter la Slovaquie et déménager à l'étranger. Son discours a provoqué une grande vague d'émotions. « Si une personne de son âge, de son éducation et de son expérience décide de quitter le pays, c'est une triste nouvelle la Slovaquie », a déclaré Marta Dovalová, ancienne journaliste, à la suite de son intervention.

Véritable festival culturel, Pohoda collabore avec la librairie en ligne Martinus.sk. Par cette initiative, des dizaines d'écrivains ont pu faire découvrir leurs œuvres au public. De nombreux films et documentaires ont été projetés. Et chacun a pu laisser libre court à son imagination lors d'ateliers de peintures et de danse. Durant les quatre jours de fête, tout le monde y trouve son compte. Les enfants peuvent jouir de toute une série d'activités, grâce au Daylong Kids Park. Ainsi, même les familles avec des petits en bas âge, ont pu vivre l'expérience Pohoda. Les visiteurs ont eu également la possibilité profiter de nombreuses compétitions sportives ou s'adonner à des tests de connaissances, organisés dans la tente de l'Union européenne.

Énergies renouvelables, ONG et fondations

L’originalité du festival Bažant Pohoda vient aussi de sa dimension écofriendly. Grâce à la marque ZSE, les organisateurs du festival ont pu « donner lumière » à l'aéroport de Trencin pendant la soirée, à l’aide de 20 lampes solaires rechargeables en journée. Par l'utilisation de deux voitures électriques de ZSE, le Pohoda a permis de réduire d'environ 30 kg les émissions de CO2.

L'organisation ENVI-PAK a, quant à elle, contribué au caractère multiculturel de l’événement, en soutenant l'éducation écologique. Son principal objectif a été d'encourager les visiteurs à trier les déchets et à les sensibiliser à l'importance de la protection de l'environnement, par le biais de nombreux jeux et tests de connaissances.


Plusieurs ONG présentes sur le site ont eu le loisir de disposer de petites tentes dans lesquelles ils pouvaient promouvoir leurs activités. Certaines ONG ont même organisé des discussions sur diverses questions, comme le problème de la corruption dans la société, ou la vie des personnes sans-abri. Depuis plusieurs années, la Ligue pour la santé mentale participe au festival, dans le but d’atténuer les préjugés envers les maladies mentales. Une autre ONG, la fondation Pontis a pu, par ses « Cafés de charité », et avec le soutien du site Dobrakrajina.sk, récolter plus de 21 000 euros. Cet argent est destiné à certains groupes de personnes comme les étrangers, les réfugiés, les autistes, etc.


Bažant Pohoda est aussi l’occasion d’apprendre beaucoup sur les différences culturelles, sur les spécificités des minorités présentes sur le territoire slovaque. L’organisation Divé Maky (Coquelicots sauvages) forme et éduque les jeunes Roms, le plus souvent très talentueux, pour les aider à s'insérer sur le marché du travail. Avec pour seule volonté de diminuer les préjugés sur les Roms, Divé Maky organise plusieurs discussions et projections. Des associations de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre (LGBT) ont montré aux visiteurs que ceux-ci font partie intégrante de la société slovaque. Pour Robert Furiel, militant LGBT, « c'est une occasion de montrer aux jeunes lesbiennes, gays, personnes bisexuelles et transgenres qu'il est possible d'être vu en public, et qu'ils ne sont pas seuls ».


Le mot « Pohoda » signifie en slovaque « être à l´aise ». Les organisateurs et les centaines de volontaires font leur maximum, non seulement pour que les festivaliers se sentent comme chez eux, mais surtout pour créer cette « atmosphère magique ». « Ce fut une très bonne année pour Pohoda, pleine d'émotion », confit le directeur Michal Kaščák à la presse. Pendant les festivités près de 4000 billets pour Bažant Pohoda 2014, ont été d'hors et déjà vendus. Rendez-vous le 10 juillet pour la prochaine édition.

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